Après avoir importé durant les premières semaines de la crise du covid-19 les kits de tests PCR, le Maroc s’est rapidement mis à les produire localement. C’est le cas des fameux cotons-tiges, nommés "écouvillons" dans le jargon médical, utilisés pour les tests du Covid-19 mais, qui, à mesure que le virus se propageait dans le monde, devenaient de plus en plus difficile à se procurer.
«Nous avons importé comme tout le monde de Chine les premiers kits pour les tests du covid-19. Nous avons alors décidé de fabriquer les écouvillons au Maroc. Une entreprise marocaine, avec l’aide de deux laboratoires pharmaceutiques, les a réalisé», confie Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie.
L’entreprise en question s’appelle Profal. Située dans le quartier industriel de Lisassfa, dans la banlieue de Casablanca, elle s’est jusque-là spécialisée dans la production d’extrusion plastique: boites en PVC, bâtons à sucette, et pailles de boisson… des métiers qui n’ont, a priori, pas grand chose à voir avec le monde de la médecine et des laboratoires pharmaceutiques.
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Pourtant, à l’image de beaucoup d’autres sociétés industrielles, Profal a vite adapté son outil productif pour participer à "l’effort de guerre" du gouvernement et doter le Maroc d'équipements à même de freiner la propagation du virus, et s’est lancée dans la production de visières protectrices.
L’étape suivante fut de se lancer dans la production d’écouvillons pour les kits de dépistage. "Nous avons commencé à travailler avec le ministère de l’Industrie et la Direction du médicament et de la pharmacie (DMP) dépendant du ministère de la Santé, pour mettre au point un produit fabriqué localement et qui était jusque-là importé", souligne Sofia Mokaddem, directrice du développement industriel chez Profal.
Les réunions avec les équipes du ministère, les laboratoires, l’Institut marocain de normalisation (Imanor), et l’Institut national d’hygiène (INH) se sont alors succédées, pour réaliser un produit aux meilleurs standards mondiaux.
Il faut dire que la production d’écouvillons utilisés pour les tests de dépistage virologiques du covid-19 répond à des normes très strictes, notamment en termes de matériaux utilisés. Les écouvillons doivent ainsi avoir un embout en fibre de polyamide (F-PA), Grade alimentaire.
Quant aux tiges, elles doivent aussi être en plastique et fabriquées à partir d’Acrylonitrile butadiène styrène (ABS), Grade alimentaire. En outre, le matériau utilisé pour la fabrication des écouvillons doit également satisfaire à des exigences mécaniques spécifiques, comme un certain niveau de résistance à la rupture.
Les écouvillons d'essai qui ne répondent pas à ces normes peuvent causer des préjudices. Ainsi, un écouvillon qui se brise pendant le prélèvement de l'échantillon peut causer une blessure physique. De même, un écouvillon non stérile qui produit un résultat de test incorrect pourrait causer un préjudice. D’où l’importance des normes de qualité.
Une fois les autorisations reçues, Profal, qui est certifié des normes de qualité ISO 9001, ISO 13485, ISO 14971 et FSSC 22000, s’est lancée dans la production. Pour cela, la société a décidé de créer un département «injection dédié aux dispositifs médicaux», au sein de son usine de Lisassfa, pour fabriquer des écouvillons oro-pharyngés (par voie orale) et naso-pharyngés (par voie nasale).
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«Nous produisons près de 100.000 écouvillons par jour», indique Sofia Mokaddem, qui assure que chaque unité produite fait l’objet d’un contrôle minutieux.
«Nous produisons les écouvillons et nous sous-traitons le flocage des produits (réalisé par Promagraph), la stérilisation (réalisée par Sterifil) et l’emballage. Nous produisons également les tubes et bouchons pour les grands laboratoires (Pharma 5 et Sothema). Ces derniers réalisent par la suite les kits de dépistage», précise notre interlocutrice.
La prochaine étape? «Aujourd’hui nous produisons 100.000 écouvillons par jour, et nous allons augmenter la cadence. Nous sommes en train de voir la partie exportation», répond-elle. Précision importante: la production est à 100% écolo, puisqu'elle repose entièrement sur l’énergie verte. La chaîne de production écologique est entièrement alimentée par des panneaux solaires.
Pour le ministre, cet exemple illustre parfaitement la stratégie de substitution aux importations que son département défend depuis le début de la crise sanitaire. «Les kits de tests sont aujourd’hui fait au Maroc, de meilleure qualité, et moins chers. C’est exactement ce que l’on cherche à promouvoir: il faut avoir la capacité de faire des produits industriels de qualité, moins coûteux, et avec la maîtrise marocaine, et des capitaux marocains», se félicite MHE.