La question de l’utilisation des cryptomonnaies au Maroc s’est invitée au Parlement, ce lundi 10 janvier. Lors de la séance des questions orales à la Chambre des représentants, une député de l’USFP (opposition) a interpellé la ministre de l’Economie et des Finances sur les raisons qui incitent le gouvernement à maintenir l’interdiction de l’utilisation des monnaies virtuelles au Maroc.
La députée a fait remarquer que les cryptomonnaies sont devenues une réalité indéniable dans notre pays, et que plusieurs gouvernement dans le monde, en Europe, en Asie et en Amérique, les ont autorisées. «Est-il normal que le Maroc reste en marge de ces innovations technologiques?», s’est-elle interrogée.
Dans sa courte réponse, Nadia Fettah Alaoui a déclaré que «le ministère des Finances et Bank Al-Maghrib, en partenariat avec des partenaires internationaux, étudient l’opportunité d’établir un cadre juridique qui encadre l’utilisation des cryptomonnaies, sur la base de ce qui est fait dans les pays les étrangers».
Sans apporter plus de détails sur ce cadre juridique à l’étude, la ministre a mis l’accent sur les dangers qui entourent l’utilisation des monnaies virtuelles et qui justifient donc la prudence des autorités monétaires marocaines.
Elle a rappelé à ce titre le communiqué conjoint publié en novembre 2017 par le ministère des Finances, Bank Al-Maghrib et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) qui met en garde le public sur les risques liés à l’utilisation des cryptomonnaies (forte volatilité, absence de protection du consommateur, absence de protection règlementaire pour couvrir les pertes en cas de défaillance des plateformes d’échange…)
Au Parlement, ce lundi, Nadia Fettah Alaoui a nommément cité le risque de financement du terrorisme et de blanchiment d’argent qui appelle à la plus grande vigilance de la part des autorités marocaines. La ministre a souligné à ce propos que le Maroc s’est engagé à respecter les recommandations du GAFI (soit le Groupe d'action financière ou Financial Action Task Force, un organisme intergouvernemental de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme) en matière de régulation des actifs virtuelles. Ces recommandations donnent aux pays le choix entre légaliser ou interdire les cryptomonnaies, dans le cadre d'une méthodologie visant à limiter son utilisation à des fins de blanchiment et de financement du terrorisme.
Rappelons que depuis le 20 novembre 2017, toute transaction en cryptomonnaie sur le territoire marocain est interdite, après que l’Office des changes a indiqué dans un communiqué, que «les transactions effectuées via les monnaies virtuelles constituent une infraction à la réglementation, passible de sanctions et amendes».
Pourtant, malgré cette interdiction formelle, les Marocains sont de plus en plus nombreux à recourir aux monnaies virtuelles, et notamment au Bitcoin, la plus célèbre d’entre elles. Selon l’indice d’adoption globale des cryptomonnaies de la firme américaine de recherche, Chainalysis, le Maroc se classe même en 24e position à l’échelle mondiale en 2021.