«Une intégration financière renforcée en Afrique devient un impératif important pour appuyer cet élan en favorisant davantage l’accroissement des échanges commerciaux et des opportunités d’investissements», a souligné le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, à l’ouverture de la troisième édition du Symposium régional de haut niveau sur la stabilité financière, organisée ce lundi 9 décembre à Rabat.
L’événement a lieu à l'initiative de Bank Al-Maghrib, en coordination avec le ministère de l’Economie et des Finances, l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) et l’Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance Sociale (ACAPS).
Les banques marocaines se sont fortement développées en Afrique ces dernières années et sont aujourd’hui présentes dans 27 pays du continent, a rappelé le wali de BAM.
L’intégration financière en Afrique, si elle comporte des avantages et des opportunités indéniables, n’est pas sans risques sur la stabilité financière en raison notamment des possibles contagions et propagation de risques entre les systèmes financiers de nos pays, poursuit Jouahri. Il souligne qu'il devient urgent d’adapter les règles de gestion de ces risques, de mettre en place un dispositif de stress test approprié et de renforcer la coopération entre régulateurs des pays d’origine et d’accueil.
Le discours inaugural du wali de Bank Al-Maghrib s’est longuement arrêté sur les implications et effets disruptifs de la transformation digitale et des innovations technologiques sur la sphère financière africaine. L’essor des Fintech et des Insurtech, l’utilisation des Big Data, les modes de financements alternatifs «crowdfunding», le développement du paiement mobile et l’utilisation des technologies de la blockchain sont autant d’exemples sur l’implication importante de ces innovations dans les secteurs bancaire, assurantiel et des marchés de capitaux.
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Les risques induits par ces technologies disruptives se sont amplifiés avec la digitalisation accrue et rapide des services financiers. Il s’agit, particulièrement, des risques d’utilisation des technologies informatiques à des fins de blanchiment de capitaux et du financement du terrorisme, de protection des consommateurs et de recrudescence des cyberattaques ciblant le secteur financier, est-il précisé.
Sur ce dernier point, poursuit le wali Jouahri, les institutions internationales sont unanimes quant à la nécessité de mettre en place un cadre de référence en matière de régulation de la cybersécurité. «Au Maroc, les autorités financières ont établi en 2018 une feuille de route pour la surveillance du cyber risque au sein du système financier national en s’inspirant, à cet effet, des standards internationaux en la matière. Dans ce cadre, un diagnostic de la maturité des établissements financiers en matière de cybersécurité est en cours de préparation selon une démarche concertée entre les trois régulateurs», a annoncé Abdellatif Jouahri.
Institutionnalisé tous les deux ans, le Symposium régional de haut niveau sur la stabilité financière est organisé avec le concours du Conseil de stabilité financière (Financial Stability Board - FSB) et l’implication de manière régulière, à compter de cette troisième édition de l’Association des Banques Centrales Africaines (ABCA).
Cette rencontre a été marquée par la présence du gouverneur de la Banque nationale du Rwanda et actuel président de l’ABCA ainsi que du secrétaire général adjoint du FSB.
L’évènement a connu également la participation de représentants de haut niveau de l’Association internationale des superviseurs des assurances (IAIS), de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (OICV), de la Banque mondiale et d’autres autorités financières internationales.
Près de 100 participants ont pris part à cette rencontre, dont plus de 40 hauts représentants de banques centrales et autres autorités issues de l’ensemble des régions du continent africain, ainsi qu’une quarantaine de responsables de haut niveau représentant le secteur financier national.