Inscrite dans le marbre de la loi organique des finances depuis 2015, la fameuse «règle d’or» des finances publiques ne sera pas respectée l’année prochaine.
Cette règle, qui entre dans le cadre des bonnes pratiques de gouvernance des finances publiques, veut que la dette de l’Etat soit exclusivement affectée aux dépenses d’investissement, et ne doit, en aucun cas, servir à financer les dépenses courantes des administrations (salaires, achats de matériels, etc.). Celles-ci doivent être financées uniquement à travers les recettes fiscales et non fiscales.
Le projet de loi de finances 2021 compte passer outre cette «règle d’or» a reconnu le ministre des Finances, Mohammed Benchaâboun, devant les membres de la commission des finances à la chambre des conseillers, au cours des débats sur le projet de loi de finances 2021 (PLF 2021).
L’argentier du Royaume a rappelé que la crise sanitaire a eu pour effet de détériorer de façon significative la situation des finances publiques du pays, en particulier en matière de recettes fiscales. Celles-ci ont baissé de 40 milliards de dirhams en 2020 par rapport à 2019, et devraient encore baisser de 16,4 milliards de dirhams en 2021.
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«Pour assurer la continuité des interventions de l’Etat à ses niveaux habituels, et malgré les efforts déployés pour mobiliser des ressources additionnelles (notamment à travers le Fonds spécial Covid-19), il s’est avéré nécessaire de recourir à l’endettement pour combler l’insuffisance des ressources budgétaires, et partant, de transgresser, de manière exceptionnelle, les principes de la règle d’or», s’est justifié le ministre.
Et de préciser que ce dépassement est «temporaire». Le retour aux principes de la «règle d’or» se fera une fois que l’économie nationale sera rétablie, a-t-il souligné.
Le déficit budgétaire du Maroc devrait s’établir en 2020 à 7,5% du PIB, au lieu d’un taux de 3,5% initialement prévu avant le déclenchement de la crise sanitaire. La dette du Trésor devrait atteindre 76% du PIB, au lieu de 64,9% en 2019. Pour 2021, le PLF 2021 prévoit un déficit budgétaire de 6,5% du PIB.
Récemment, le Fonds monétaire international (FMI) a convenu avec les autorités marocaines que le processus de rééquilibrage budgétaire doit être progressif et ne devrait être entrepris que lorsque la reprise économique sera solide. Les services du FMI ont recommandé dans leurs projections de référence de commencer à réduire le ratio de la dette publique par rapport au PIB à compter de 2022.