"Co-émergence en marche". Souvent, les thèmes des forums économiques sonnent comme la signature d’un spot publicitaire. C’est loin d’être le cas pour le forum économique maroco-ivoirien qui se tient aujourd'hui à Marrakech. Les 100 patrons venus accompagner le président Alassane Ouatara "ont la ferme intention de décrocher des marchés, signer des partenariats et établir éventuellement des joint-ventures avec leurs homologues marocains", affirme Jean Kacou Diagou, président du patronat ivoirien. En face d’eux, plus de 700 hommes d’affaires marocains, membres de la CGEM, partagent la même volonté.
Boussaid en veut plus
Le potentiel est énorme et reste relativement inexploité au vu de la dimension économique respective des deux pays. Car la Côte d’Ivoire est avant tout un géant de Afrique de l’Ouest, un "éléphant". "Puisqu’il pèse pour près de 40% du PIB des huit de pays de l’UEMOA, ayant pour monnaie commune le franc CFA", rappele Moulay Hafid Elalamy, ministre marocain de l’Industrie, du Commerce de l’Investissement et de l’Economie numérique. Il n’empêche que "le cumul des échanges ne dépasse pas 100 millions d’euros", note Mohamed Boussaid, ministre de l’Economie et des Finances marocains. Selon lui, "c’est autant un motif d’insatisfaction qu’un défi à relever". Par conséquent, il faut "dépasser la relation de confiance pour en bâtir une teintée d’efficacité, de performance et de crédibilité", affirme-t-il de concert avec Jean Kacou Diagou.
Les banques marocaines donnent le ton
Cependant, "l’évolution des échanges est bel est bien en marche", rappellent tour à tour Kaba Nialé, l’homologue ivoirienne de Boussaid, et Miriem Bensalah Chaqroun, présidente de la CGEM. Pour la première, "les banques marocaines ont redonné le ton et participent activement à la reconstruction de la Côte d’Ivoire". Elle jette un œil à l’assistance de chefs d’entreprises, qui approuve par des applaudissements nourris, dans la salle du Palais des congrès du Palmeraie Golf Palace. "Je félicite les banques marocaines pour leur dynamisme dans l’économie de notre pays". Cette fois le clin d’œil va à Mohamed Kettani, vice-présent du Groupement des banques du Maroc, à qui elle charge de transmettre le message à ses collègues. Brahim Benjelloun Touimi, directeur général du groupe BMCE Bank, maison mère de Bank Of Africa et Mohamed Benchaaboun, président de la Banque populaire, sont dans la salle.
Pour la seconde, Meriem Bensalah, la Côte d’Ivoire est "la destination du quart des investissements directs étrangers marocains". Aujourd’hui, il faut donc donner une dimension différente pour assurer la co-émergence des deux pays. Pour ce faire, il convient de penser co-investissement dans les deux pays. Et les banques marocaines sont prêtes à l’accompagner, conclue Mohamed Kettani, toujours dans son rôle de vice-président du groupement des banquiers. Le ton a été donné lors de cette matinée, en attendant les rencontres B to B prévues dans l'après-midi.