Alors que le gouvernement a augmenté le budget d’investissement public pour atteindre 300 milliards de dirhams cette année, contre 245 milliards de dirhams en 2022, Aziz Akhannouch a indiqué, lors de son dernier passage à la chambre des Représentants, ce lundi 30 janvier 2023, que l’exécutif ambitionne d’atteindre une parité entre investissements public et privé à l’horizon 2026.
«Le projet est d’inverser la répartition actuelle de l’effort d’investissement de telle sorte que l’investissement privé, qui ne constitue aujourd’hui qu’un tiers de l’investissement total, atteigne les deux tiers en 2035, créant ainsi une sorte de parité entre investissements public et privé d’ici 2026», a-t-il expliqué.
Pour accompagner cette vision, 45 milliards de dirhams ont été attribués au Fonds Mohammed VI en 2023 afin de financer ses activités. D’autre part, la Commission d’investissement a approuvé jusque-là 84 projets de conventions et avenants, d’une valeur supérieure à 67,6 milliards de dirhams, ce qui contribuera à créer plus de 10.250 emplois directs et 33.418 emplois indirects, a souligné le chef du gouvernement.
Lire aussi : Investissement directs étrangers: les Etats-Unis détrônent la France au Maroc
Pour ce qui est des secteurs porteurs, Akhannouch a évoqué notamment l’industrie automobile, dont les exportations ont franchi, pour la première fois en, 2022 le seuil des 100 milliards de dirhams. Parmi les secteurs à accompagner et qui constituent un véritable levier de développement des exportations du Maroc figurent également l’industrie aéronautique, les industries chimique et semi-chimique, l’industrie pharmaceutique, le secteur de l’outsourcing, l’agriculture et les industries agroalimentaires.
Le chef de l’exécutif a également insisté sur le besoin de promouvoir le label «Made in Morocco», qui a permis l’émergence, à ce jour, de 1.402 projets d’une valeur d’investissement totale de 52,5 milliards de dirhams, avec la création de 310.000 emplois directs et indirects.
Au premier rang des activités visées par ces projets figurent les industries agro-alimentaires (26%), les industries chimique et semi-chimique (20%), les industries mécanique et métallurgique (12%) et l’industrie textile (12%).
Charte de l’investissement: trois formes de subventions prévues
A propos de la nouvelle Charte de l’investissement, Akhannouch a souligné que son objectif principal est «la création d’emplois durables, la réduction des disparités entre les régions et les préfectures du Royaume en vue d’attirer les investissements et les orienter vers les secteurs prioritaires et les métiers d’avenir, l’amélioration de l’attractivité du Maroc afin d’en faire un pôle continental et un pôle international pour les investissements directs étrangers».
Il s’agit également d’encourager les exportations des entreprises nationales au niveau international, en plus d’encourager le remplacement des importations par la production locale, d’améliorer le climat des affaires et de faciliter le processus d’investissement.
Lire aussi : Un investissement de 132 millions de dirhams: Safran et Figeac Aero lancent l'extension de Casablanca Aéronautique
Pour que cette charte atteigne les objectifs recherchés, un système de financement innovant a été adopté, basé sur des systèmes d’aide à l’investissement qui comprennent un régime de base et une réglementation particulière, a souligné le chef du gouvernement.
Ces systèmes incluent tous les types d’investissements, petits ou grands, et tous les territoires sans exception, pour une croissance économique juste et globale, verte et durable. Trois formes de subventions seront proposées, notamment les subventions à l’investissement solidaire, liées à des projets spécifiques en termes de coût et de nombre d’emplois durables créés, lesquelles seront déterminées par un texte réglementaire.
Il est également question de subventions à l’investissement accordées aux projets d’investissement réalisés dans la sphère d’influence territoriale des régions, dans le but de réduire les disparités spatiales entre les régions et préfectures du Royaume, en plus des subventions sectorielles allouées aux projets d’investissement réalisés dans les secteurs d’activités prioritaires.
Une réglementation spécifique sera, par ailleurs, mise en place à destination des projets d’investissement à caractère stratégique pour les très petites, petites et moyennes entreprises, et ce, afin d’encourager les entreprises marocaines à avoir une présence internationale.
Une feuille de route pour améliorer le climat des affaires
Akhannouch, par ailleurs, a réitéré la volonté du gouvernement d’élaborer une nouvelle feuille de route pour l’amélioration du climat des affaires, en coordination avec tous les acteurs des secteurs public et privé, à l’horizon 2026.
Cette feuille de route inclura une nouvelle génération de réformes liées notamment à la simplification et à la digitalisation des démarches administratives, l’amélioration de l’accès au foncier et aux zones industrielles, le développement de nouveaux outils pour obtenir des financements et améliorer l’accès aux commandes publiques.
Lire aussi : Industrie automobile: Ryad Mezzour fixe un nouvel objectif de 2 millions de voitures par an à l'horizon 2030
Une nouvelle vision est ainsi voulue pour les centres régionaux d’investissement (CRI) avec l’objectif d’en faire des acteurs clés dans la stimulation de l’investissement, l’accompagnement global des entreprises et la contribution à la relance de l’investissement au niveau régional.
Dans le cadre de cette réforme, les CRI seront rattachés au ministère délégué chargé de l’Investissement, de la convergence et de l’évaluation des politiques publiques, tandis que les gouverneurs assureront des tâches de coordination et auront le droit de revoir les décisions rendues en cas de rejet de tout investissement ou projet.
La réforme des marchés publics prévoit, pour sa part, d’adopter un système unifié de passation de ces marchés qui intègre tous les intérêts de l’Etat, des collectivités territoriales et de leurs organes affiliés, ainsi que des établissements publics et personnes morales de droit public, afin de donner une vision plus claire des marchés publics aux opérateurs économiques, en plus de renforcer la préférence nationale pour les marchés publics.