Dans son avis publié cette semaine relatif à l’état de la concurrence dans le secteur de l’enseignement privé, le Conseil de la concurrence dresse un panorama détaillé et chiffré de ce marché en pleine expansion depuis le début des années 2000.
Premier constat: l’enseignement privé croit beaucoup plus vite que celui du public. En effet, en termes de nombre d’établissements, l’enseignement privé a connu une tendance haussière au cours des dix dernières années, passant de 3.861 en 2010-2011 à 6.922 en 2019-2020, soit une hausse de 96,62%. Sur la même période, le nombre d’établissements dans le secteur public n’a cru que de 15,5%, pour atteindre un total de 11.312 unités.
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Par conséquent, la part de l’enseignement privé dans l’ensemble des établissements a augmenté de 11 points durant la même période, pour représenter désormais plus du tiers (35,71%) des établissements pour l’année 2019-2020.
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Le secteur de l’enseignement scolaire privé comprend les établissements scolaires qui adoptent le système national d’éducation, ainsi que les établissements qui fournissent des services éducatifs selon un programme et un mode d’enseignement étranger. Concernant ce dernier point, le Maroc comptait, à fin 2020, 54 établissements adoptant un mode d’enseignement étranger, dont 32 soumis au système français, 11 au système espagnol, 5 au système américain, 4 au système britannique et 3 au système belge.
Plus d’un million d’élèves scolarisés dans le privéPour ce qui est de l’effectif des élèves scolarisés dans le secteur de l’enseignement privé, il a enregistré un rythme d’évolution similaire à celui du nombre d’établissements scolaires privés, avec une augmentation de 74,5%. Il a ainsi dépassé un million d’élèves, tandis qu’il ne s’établissait qu’à 620.000 élèves au titre de l’année scolaire 2010-2011. Le nombre d’élèves scolarisés au sein des établissements de l’enseignement public a pour sa part augmenté de 9,09% au cours de la même période.
Les élèves scolarisés dans les établissements privés nationaux et étrangers représentent ainsi 15% de l’ensemble des apprenants. Toutefois, fait remarquer le Conseil, malgré cette tendance haussière, l’objectif assigné par la Charte Nationale d’Education et de Formation, visant la scolarisation de 20% du total des élèves relevant du secteur en 2015 n’a pas été atteint.
Autre constat qui ressort de l’avis du Conseil de la concurrence: les établissements scolaires adoptant le mode d’enseignement national sont très inégalement répartis sur le territoire nationale. Trois régions, à savoir Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Fès-Meknès, comptent plus de 60% de l’ensemble des établissements privés actifs dans le Royaume.
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Sur le plan économique enfin, le rapport du Conseil de la concurrence nous apprend que les 6.922 établissements privés recensés réalisent un chiffre d’affaires de près de 20 milliards de dirhams.
S’appuyant sur les données fournies par la Direction Générale des Impôts, le rapport indique que les paiements d’impôts par les établissements scolaires privés ont dépassé un milliard de dirhams en 2018, dont une part de 96,58% payée par des personnes morales.
Cette contribution se répartit ainsi: 291,62 millions de dirhams résultant de cotisation de l’impôt sur les sociétés, 669,38 millions de dirhams résultant de l’impôt sur le revenu et 74,51 millions de dirhams émanant de l’impôt sur la valeur ajoutée.