“L'esprit d'entrepreneuriat ne se décrète pas. Le Maroc est un pays peu entrepreneurial”. Ce sont là les conclusions d'une récente étude sur la dynamique de l'entrepreneuriat au Maroc, menée par le cabinet d'expert Global Entrepreneurship Monitor, et relayée par L'Economiste dans son édition du 7 juin.
Avec un taux d'activité entrepreneurial de 4,44%, la proportion des entrepreneurs est largement inférieure à la moyenne des économies similaires qui est de 14,6%, déduit l'enquête. Par ailleurs, le taux des entrepreneurs établis, qui reflète le stock du tissu économique, révèle aussi une dynamique nettement moins intense par rapport au pays ayant le même niveau de développement. Du coup, les consultants du GEM confirment que le Maroc a un grand retard à rattraper en matière de création d'entreprise. Même les nouveaux flux annuels de création d'entreprise ne permettent pas de combler l'écart creusé jusque-là.
Autre bémol relevé chez les chefs d'entreprise marocains: ils sont très peu nombreux à inscrire leurs sociétés dans une stratégie d'innovation orientée “produit et marché”. D'autant qu'ils se démarquent par une faible propension à s'ouvrir sur le marché international et à créer des emplois. Cette situation peu reluisante s'explique d'abord par des considérations d'ordre culturel. Les experts l'attribuent aux attitudes et comportements liés à l'esprit d'entreprendre. D'ailleurs, l'analyse des indicateurs relatifs à l'intention entrepreneuriale et aux tentatives de création d'entreprise révèle “un fossé important” entre le potentiel entrepreneurial estimé à plus de 30% de la population active et le faible nombre d'entrepreneurs actifs.
Autre explication avancée, toujours d'ordre culturel et comportemental: le rapport des Marocains à l'échec. En effet, selon l'étude du GEM, “les rapports qu'entretiennent les Marocains avec l'échec est l'un des principaux facteurs expliquant ce paradoxe”. En effet, l'appréhension de l'échec ne laisse pas de marge de manœuvre à l'expérimentation, à l'initiative, aux essais et erreurs de parcours, souligne l'étude. Les résultats de l'enquête montrent que 41 % des Marocains ont peur de s'engager dans une aventure entrepreneuriale. Or, le goût du risque et l'esprit d'entreprendre sont indissociables.