Créé en 1965, et après un parcours mouvementé, l’Office de commercialisation et d’exportation (OCE) est sur le point de disparaître. Un projet de loi, portant dissolution et liquidation de cet établissement public sera examiné, ce jeudi, en Conseil de gouvernement.
A bien des égards, l’histoire de l’OCE constitue un cas d’école en matière de mauvaise gouvernance des établissements publics au Maroc et de manque de vision stratégique de l’Etat.
A sa création, l’OCE disposait du monopole de l'exportation des produits agricoles et des produits des industries alimentaires, du contrôle de ces exportations et de l'organisation des participations marocaines aux foires et manifestations internationales à l'étranger.
Après la libéralisation du secteur des exportations en 1986, l'OCE a perdu son monopole. Son champ d’intervention a, dès lors, été limité à l’exportation des produits agricoles et de ceux des industries alimentaires.
La raison d’être de l’OCE va une nouvelle fois changer au milieu des années 2000. En effet, pour permettre à l’OCE de s’adapter à son nouveau contexte, un plan de restructuration a été initié en 2005 par les pouvoirs publics. En 2009, l’Office a fait l’objet d’une étude, qui aura coûté 1,8 millions de dirhams, pour définir un plan de repositionnement stratégique. L’Office se voit ainsi confier la mission de promouvoir l’Economie sociale et solidaire (ESS) et les produits des terroirs du Maroc, sous le label Maroc Taswiq.
Toutefois, ces deux actions n’ont pu permettre à l’OCE de réussir sa transition pour pouvoir opérer dans un environnement de plus en plus concurrentiel. Un rapport accablant de la Cour des comptes, publié en 2016, fustige «une restructuration inachevée», que ce soit sur le plan institutionnel (celui de sa transformation en Société Anonyme), ou financier.
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Sur le volet financier précisément, la Cour a relevé plusieurs anomalies, dont la première concerne la nature des ressources mêmes de l’OCE. En effet, il a été constaté que l’essentiel de ses ressources provient de plus en plus des missions accessoires. De même, une part importante de ses produits provient de la location d’immeubles non affectés à l’exploitation.
Parallèlement à cela, depuis la campagne 2009-2010, la part des recettes provenant de l’export qui est la mission légale de l’OCE n’ont cessé de s'effriter. La cour des comptes a considéré que «cette situation rend l’Office dépendant d’activités accessoires et éphémères». «L’OCE est une structure non rentable financièrement», avaient alors conclu les magistrats de l'institution que dirige Driss Jettou.
Le verdict du rapport de la Cour des comptes est au final sans appel: «dans sa configuration actuelle, l’organisme n’est pas viable», appelant les autorités compétentes à prendre des mesures immédiates.
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Outre se «repositionnement stratégique manqué», l’OCE a été rattrapé par des affaires de malversations et de cessions de biens immobiliers qui ont considérablement terni sa réputation. Un ancien directeur général de l’OCE et plusieurs autres ex-responsables de l’Office ont été arrêtés en 2016 pour dilapidation des deniers publics, blanchiment d’argent et abus de pouvoir.
Il n’en a pas plus fallu pour que le gouvernement se décide, enfin, à mettre un terme à l'existence de cet établissement public.
Coïncidence du calendrier, cette dissolution intervient au moment où le gouvernement s’apprête à restructurer en profondeur le secteur des établissements et entreprises publics, conformément aux orientations du dernier discours du trône. Le ministère des Finances compte, notamment, liquider plus de 70 entités qui traînent depuis plus d’une décennie, faute de volontarisme des tutelles techniques.