Contrairement aux idées reçues, les produits financiers islamiques censés être conformes à la charia sont loin de faire l’unanimité auprès des consommateurs marocains. C’est en tout cas l’une des principales conclusions d’une étude exploratoire réalisée par l’ENCG de Settat et relayée par Les Ecos, dans son édition de ce jeudi 30 avril, qui insiste sur la nécessité de sensibiliser l’opinion publique à ce type de finance, afin d’éviter d’éventuels amalgames.
Ainsi, la majorité des personnes interrogées pour les besoins de l’enquête ont affirmé que les banques islamiques poursuivent exactement le même objectif que les banques «ordinaires». A savoir : «réaliser des bénéfices». Parmi cette majorité de sceptiques, trois tendances d’opinions se démarquent concernant la conformité des produits financiers à la charia islamique. Un premier segment pense que ceux-ci sont sans doute en adéquation avec le corpus islamique mais que la communication manque cruellement. Un second estime que le concept de la finance éponyme est halal en théorie, mais que son application fait défaut. Un troisième, enfin, qualifie la finance islamique comme étant une pure «opération de marketing», consistant à donner des appellations arabes à des produits qui existent déjà au sein de la finance conventionnelle. Par exemple, le mot «leasing» est remplacé par «ljara» tandis que les intérêts sont rebaptisés «marges commerciales».
Autre point important soulevé par cette étude: le facteur religieux influence beaucoup plus la décision des consommateurs que le facteur économique. Parmi les autres facteurs qui pèsent dans la balance, cependant : l’accès à des produits à moindre coût permettant le partage des pertes et des profits, sans l’exigence de garantie. L’étude les qualifie par ailleurs de «consommateurs opportunistes».