Droit dans ses bottes, le gouverneur de la banque centrale n’a pas changé d’avis sur la flexibilisation des changes, depuis le dernier conseil de Bank Al-Maghrib. Répondant aux questions des journalistes ce mardi 21 décembre 2021, suite à la tenue de la dernière réunion de l’année du conseil de BAM, Abdellatif Jouahri a estimé qu’il est toujours inapproprié d’effectuer un nouvel élargissement de la bande de fluctuation du dirham, malgré l’insistance du FMI.
«Nous avons défendu notre point de vue et nous leur avons dit qu’il nous appartenait de décider du bon timing. Nous ne nous sentons pas prêts, bien que techniquement tout soit en place», précise-t-il.
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Pour le gouverneur de la banque centrale, le FMI préconise l’accélération de la réforme dans une conjoncture marquée par une pandémie qui pose des incertitudes invraisemblables et pèse sur le budget de l’Etat.
«Si nous passons à la deuxième étape, ce n'est pas un élargissement de la bande que nous allons opérer, mais nous allons commencer à abandonner l’ancrage du panier de devises et irons vers le ciblage de l’inflation. Le nouvel ancrage sera le taux directeur et la politique monétaire», explique le Wali, notant que «les conséquences seraient plus dommageables si on devait s’engager puis revenir en arrière».
D’un autre côté, Abdellatif Jouahri explique qu’il existe également un problème au niveau des opérateurs économiques actifs à l’export comme à l’import, en particulier les TPME, toujours pas prêts à assimiler les mécanismes du marché des changes et de sa réforme. «Nous avons fait une tournée régionale pour sensibiliser les TPME, mais nous sentons le besoin d’une politique de formation pour les opérateurs, afin qu’ils soient plus armés».
À noter que le passage à un régime de change plus flexible au Maroc a démarré en septembre 2018, avec un premier élargissement de la bande de fluctuation de la monnaie nationale de ±0,3% à ±2,5%. En mars 2020, une deuxième étape de la réforme a été enclenchée, avec un nouvel élargissement de la bande de fluctuation à ±5%. Depuis le démarrage de la réforme, et en dépit des craintes qui ont précédé ce processus, la monnaie nationale s’est montrée relativement stable par rapport à l’euro et au dollar.