"C'est la première opération de cette taille depuis l'introduction en Bourse de Natixis en 2006, a souligné auprès de l'AFP Stéphane Boujnah, le directeur général de l'opérateur boursier Euronext, sur lequel sont cotées les actions FdJ. Selon cette source, c'est aussi la première privatisation passant par une large cession en Bourse depuis celle de Gaz de France en 2005.
La banque Natixis avait en 2006 levé plus de 4 milliards d'euros sur le marché parisien, se plaçant dans le trio de tête des plus importantes introductions en bourse (IPO) réalisées dans l'Hexagone depuis les années 2000, derrière EDF (7 milliards en 2005) et Orange (6,9 milliards en 2001 pour la seule branche téléphonie mobile de l'actuel Orange).
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Stéphane Boujnah cite aussi le cas de l'ex-opérateur Internet Wanadoo, lui aussi à l'époque filiale de l'actuel Orange, qui avait réalisé en 2000 une IPO à deux milliards, comme la FDJ aujourd'hui, montant que même le poids lourd de la gestion d'actifs financiers Amundi - avec 1,5 milliard d'euros levés - n'avait pas dépassé en 2015.
De quoi permettre au marché français des IPO, plutôt morose ces dernières années, de finir 2019 en beauté, d'autant que la privatisation de la FdJ, plus grosse opération de l'année, suit de près l'IPO, le mois dernier, du groupe verrier Verallia.
"La Française des Jeux, c'est un peu de l'oxygène pour le marché" boursier après l'opération de "Verallia, en octobre, qui avec 888 millions d'euros levés était la plus grosse introduction en Bourse depuis celle d'ALD en 2017 (1,16 milliard)", a relevé auprès de l'AFP Franck Sebag, responsable du département des sociétés en forte croissance chez EY.
ALD est la filiale de la Société Générale spécialisée dans la gestion de flotte et la location longue durée de véhicules.
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"Nous avons très clairement un retour en direction du marché des IPO en France que reflète la succession de Verallia le mois dernier et de la Française des Jeux ce mois-ci", a abondé Stéphane Boujnah.
C'est en outre "la première opération avec une tranche dédiée aux particuliers de cette taille", a-t-il précisé. Le grand public, qui connaît bien la Française des Jeux, a massivement répondu présent, puisqu'un demi-million de personnes ont pris part à la souscription.
"C'est une très bonne nouvelle qu'ait pu se mettre en place ce type d'opération qui montre le chemin aux investisseurs individuels", a jugé le directeur général d'Euronext, qui chapeaute les Bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne, Dublin et Oslo.
"Comme toujours, quand les sociétés offrent une belle perspective de croissance et sont bien connues, elles attirent le marché" des particuliers, a-t-il complété.
Cette introduction boursière devrait ainsi valoriser le groupe Française des Jeux dans son ensemble à "environ 3,7 milliards d'euros", selon l'entreprise, et rapporter à l'Etat 2,1 milliards d'euros au total, en tenant compte de 380 millions d'euros de "soulte" --soit la somme que versera la FdJ en échange du monopole de l'exploitation pendant 25 ans des jeux de loterie et paris sportifs dans son réseau physique.
"Les choix faits par le gouvernement pour maximiser la valorisation ont été les bons et donc il y a une fenêtre de marché extrêmement positive avec un niveau du CAC 40 qui est très élevé et qui permet à l'Etat de sortir une valeur de cession très élevée", a encore observé Stéphane Boujnah.
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Le succès de l'opération s'explique aussi par un environnement de taux d'intérêt extrêmement bas qui incite les épargnants en recherche de rendement financier à se tourner vers le marché des actions, qui est néanmoins plus risqué.
En intégrant la FdJ, les montants levés sur le marché boursier parisien en 2019 devraient se situer autour de 3 milliards d'euros, pour une vingtaine d'opérations.
Mais "au niveau mondial, à fin septembre 2019", le montant global des IPO atteignait "114,1 milliards de dollars pour 768 opérations", a rappelé Franck Sebag, un marché largement dominé par les Etats-Unis et la Chine.