GB-UE. Pourquoi le Brexit ne serait pas une bonne nouvelle pour le Maroc

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Comme pour les 27 pays de l’UE, le Maroc devrait-il craindre le Brexit? De l’avis général des économistes, la victoire des partisans du Brexit ouvrira une longue période d’incertitude pas très bonne pour les affaires. Cela risque d’avoir des répercussions économiques dépressives pour le royaume.

Le 23/06/2016 à 08h16

Dans quelques heures nous saurons si le Royaume-Uni décidera ou non de rester dans l’Union européenne à l’occasion du référendum de ce jeudi 23 juin.

Déjà, le monde économique et financier semble désemparé. En cas de Brexit, les conséquences géopolitiques sont «incalculables» autant pour les 27 pays membres que pour les partenaires méditerranéens de l’UE dont le Maroc.

Relations commerciales, migration, normes, aide au développement…quelles seraient les conséquences directes pour le Maroc d’un Brexit?

Il y en a qui minimisent l’impact et le coût pour le Maroc. C’est le cas notamment du wali de Bank Al-Maghrib Abdellatif Jouahri. En cas de scission de Londres, l’impact sur l’économie marocaine ne serait que «de près de 0,1%», a prédit le gouverneur central, lors d'un point presse, mardi à Rabat, à l’issue de la réunion trimestrielle du Conseil de la banque centrale. Sans autres détails.

Pour l’économiste marocain Idrissi Abbassi, en cas de Brxit «l’euro sera déstabilisé et connaîtra sûrement des fluctuations, ce qui va avoir un impact négatif sur les échanges commerciaux (importations / exportations), et par la suite sur la balance commerciale du Maroc».

Interrogé par la MAP, l’universitaire a toutefois soutenu que la Grande-Bretagne pourrait devenir un nouveau marché indépendant de toutes les restrictions européennes et les règles normatives, ce qui va intensifier davantage, selon lui, les échanges commerciaux entre le Maroc et ce pays de l’Europe continentale.

Désarroi de la communauté des affairesLa communauté marocaine des affaires, en revanche, ne cache pas son désarroi. En cas de scission de Londres, les Britanniques ne seront plus tenus par les accords commerciaux UE-Maroc.

L’Usine Nouvelle, la publication du monde industriel, a tenté d’esquisser cinq types de conséquences directes pour le Maroc.

C’est au plan commercial que les conséquences se feront sentir plus. Le Maroc pourrait devoir négocier de nouvelles règles commerciales avec le Royaume-Uni sur l’accès de ses produits agricoles, halieutiques ou industriels, et s’accorder aussi sur les conditions d’accès et les droits de douane. Idem pour les Normes.

Au volet de l’aide bilatérale européenne, les aides au Maroc ne vont pas s’arrêter du jour au lendemain. Pour la période 2014-2020, le Maroc devrait recevoir de 750 à 890 millions d’euros d’aides directes de l’Union européenne (hors contrôle des migrations, énergies renouvelables et les prêts de la BEI).

Mais la situation risque de se corser lors de la négociation du futur budget européen de l’après 2020. Le retrait de Londres pèsera de tout son poids, étant donné qu’elle contribue pour 14% environ au budget européen.

En matière de circulation des personnes, il n’y a, en principe, aucun changement à attendre de ce côté-là, le Royaume-Uni n’étant pas membre de l’espace Schengen.

Cela étant, au plan macroéconomique, l’effet sera, sans nul doute, dépressif. De toutes les façons, le Brexit ne sera pas une bonne nouvelle pour tout le monde, le Maroc compris.

Il faut rappeler que l’Europe représente 60% des exportations marocaines. L’essentiel des échanges se fait avec la France et l’Espagne (40%).

Entre le Royaume du Maroc et le Royaume-Uni, le volume global des échanges est estimé à près de 14 milliards DH. 6 milliards au titre des exportations contre 8 milliards pour les importations, selon les chiffres de l’Office des Changes pour l’année 2015. Au final, la balance commerciale demeure déficitaire au détriment du Maroc avec un solde négatif de 1,98 milliard DH.

Par Abdelouahed Kidiss
Le 23/06/2016 à 08h16