La guerre en Ukraine et les craintes pour l'approvisionnement en matières premières, venant de Russie notamment, ont propulsé les cours du pétrole au plus haut depuis plus d'une décennie, ce jeudi 3 mars 2022.
Ce jeudi matin, le prix du baril de Brent a dépassé les 118 dollars, son plus haut niveau depuis février 2013, après avoir dépassé la barre des 110 dollars la veille. De son côté, le WTI a également atteint un nouveau sommet, à 114,70 dollars, son plus haut niveau en 11 ans. Depuis le 1er décembre dernier, le cours du Brent a augmenté de plus de 80%, de 65 à 118 dollars le baril.
La flambée des cours de l'or noir est repartie de plus belle après la décision, mercredi, des pays exportateurs de l'Opep+, menés par l'Arabie saoudite et la Russie, de ne pas augmenter plus que prévu leur production, malgré l'ascension des cours, qui attise une inflation galopante dans de nombreux pays.
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La décision de l'Opep n'a pas apaisé l'envol des prix causé par les sanctions sur la Russie «parce que la demande de pétrole croit rapidement et l'Opep n'est déjà pas en mesure d'atteindre ses propres quotas de production dans plusieurs pays», remarque Tamas Varga, de PVM, cité par l’AFP.
L'invasion de l'Ukraine par la Russie de Vladimir Poutine a conduit l'Union européenne et les Etats-Unis en tête à imposer de fortes sanctions à Moscou, alimentant les craintes de voir les exportations russes d'énergie interrompues.
Le cabinet Energy Aspects a expliqué sur Twitter que la plupart des «majors pétrolières européennes ne touchent pas le pétrole russe et seulement quelques raffineurs et courtiers européens», par crainte d'être rattrapés par les sanctions. La Russie est le deuxième exportateur de pétrole brut au monde et représente plus de 40% des importations annuelles de gaz naturel de l'Union européenne.
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«La guerre en Ukraine entraîne une forte réduction des exportations énergétiques de la Russie, même si celles-ci sont exemptées de sanctions» pour le moment, renchérit Bjarne Schieldrop, analyste de Seb.
Le conflit russo-ukrainien est survenu au moment où les prix du brut grimpaient déjà fortement en raison de l'insuffisance de l'offre et d'une forte reprise de la demande dans le monde.
Et l'annonce de l'Agence internationale de l'énergie mardi de la mise sur le marché de 60 millions de barils tirés des réserves de ses pays membres -dont la moitié débloqués par les Etats-Unis- n'a pas tempéré les cours.
En outre, l'état des stocks commerciaux hebdomadaires américains, qui ont fondu de 2,6 millions de barils, a encore soutenu les cours si besoin en était. L'administration américaine a en outre puisé dans ses réserves stratégiques pour 2,4 millions de barils et les importations ont fléchi.