Une expression bien connue se vérifie encore: quand la Chine tousse, le monde s’enrhume. Alors que l’économie mondiale subit de plein fouet les répercussions de la guerre russo-ukrainienne, voilà que la résurgence du Covid en Chine vient compliquer la situation, ravivant même les craintes d’une nouvelle récession mondiale, deux ans après celle de 2020.
Confrontées à une vague de contaminations au variant Omicron, les autorités chinoises, adeptes de la stratégie «zéro Covid», ont décidé de mettre sous cloche plusieurs villes du pays, dont la capitale économique Shanghai, où 25 millions de personnes sont confinées depuis le début du mois d’avril.
Une mesure qui devait initialement durer quatre jours mais qui se prolonge, entraînant la mise à l’arrêt de très nombreuses entreprises, et une pénurie de main d’œuvre au port, ce qui perturbe considérablement les chaînes d’approvisionnement mondiales, Shanghai étant, faut-il le rappeler, le premier port à conteneurs du monde.
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Comme le rapporte le site d’information La Bourse au Quotidien ce mardi 19 avril, plus de 300 navires (des vraquiers, porte-conteneurs, méthaniers, minéraliers, bateaux-usines, cargos transportant des céréales, des produits chimiques, des engrais, etc.) sont immobilisés depuis près de trois semaines au large de Shanghai.
Une situation qui aggrave les problématiques d’approvisionnement pour de nombreux secteurs, et le Maroc, dont la Chine est le troisième fournisseur mondial avec un volume des importations dépassant les 50 milliards de dirhams, n’est pas épargné.
Mehdi Laraki, président du Conseil d'affaires Maroc-Chine à la CGEM, sollicité par Le360, le confirme: «nous sommes dans le flou total. Il n’y a aucune visibilité sur le moment où la commande passée auprès d’un fournisseur chinois prendra la mer».
Cette absence de visibilité s’accompagne d’une hausse des coûts pour les opérateurs marocains. «Le prix des conteneurs était passé d’environ 4.000 dollars à plus de 21.000 dollars pendant la pandémie de Covid. Aujourd’hui, le prix a reflué, mais reste encore très élevé, autour de 18.000 dollars. En parallèle, les prix des produits et des matières premières ont beaucoup augmenté dernièrement en Chine», explique cet interlocuteur.
Ce dernier fait remarquer d’ailleurs que les volumes d’importations réalisés sur les produits chinois à faible valeur ajoutée, que l’on retrouve par exemple chez les commerçants de Derb Omar à Casablanca, sont en baisse notable, car les marges ne sont plus intéressantes pour eux.
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A cela s’ajoute le problème énergétique qui touche la Chine et son économie depuis plusieurs mois. «Des coupures de courant se produisent de manière intempestive, et personne ne peut les anticiper», indique Mehdi Laraki. Ces coupures mettent à l’arrêt les usines pendant plusieurs heures, ralentissant la production et perturbant davantage les chaînes d'approvisionnement mondiales.
Globalement, tous les secteurs sont touchés par les problèmes d’approvisionnement depuis Shanghai, mais certains, comme le textile le sont plus que d’autres, indique Rachid Tahri, qui préside l’Association des freight forwarders du Maroc (AFFM). «Les importateurs de tissus sont les plus pénalisés par les retards de livraison. Car il faut savoir que la région de Shanghai concentre un très grand nombre d’opérateurs du secteur textile», souligne-t-il dans une déclaration pour Le360.
Quant au coût élevé du transport maritime, il constitue toujours «une problématique énorme pour les importateurs, qui paient en plus de cela des droits de douanes sur la marchandise et sur le transport», selon Rachid Tahri.
La mairie de Shanghai a annoncé, hier mercredi, un très léger assouplissement du confinement, mais qui n’est pas de nature, pour le moment, à relancer l’activité de la ville et de son port.
Les autorités ont commencé à répertorier les entreprises dites stratégiques dans lesquelles la production doit vite reprendre, rapporte l’AFP. Plus de 600 sociétés ont été sélectionnées pour une reprise anticipée du travail à Shanghai, indique cette mairie.