En une dizaine de jours, le prix du gazole à la pompe a subi trois augmentations successives (la dernière datant du vendredi 11 août), portant le prix du litre à plus de 12,50 dirhams, celui de l’essence restant inchangé, autour des 14,50 dirhams le litre.
En réaction à cette flambée, la Coordination syndicale nationale du secteur du transport routier de marchandises a dénoncé, dans un communiqué, les hausses successives depuis le début du mois et appelé le gouvernement à «assumer pleinement ses responsabilités» et à «intervenir pour réduire l’impact négatif de la flambée des prix sur le pouvoir d’achat des citoyens».
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Rassemblant les syndicats affiliés à l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) et l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM), la coordination a également demandé à ses membres de «se préparer à tenir toutes les formes de mobilisation nécessaires pour dénoncer la hausse du prix des carburants», et notamment la tenue d’une grève nationale.
Principale revendication: le plafonnement des prix à la pompe à «un niveau raisonnable» qui permettrait de limiter l’effet des hausses sur les prix des services et des marchandises. «Les professionnels du transport ne peuvent pas continuer à être les otages du lobby des carburants. Nous demandons le plafonnement depuis très longtemps et il est temps que cette mesure se concrétise», a martelé, dans un échange avec Le360, Mustapha El Karkouri, secrétaire général du syndicat national des transports routiers de marchandises, affilié à l’UNTM.
Relancer le dispositif d’aide directe
En attendant la reprise des négociations autour de ce sujet, les professionnels appellent à relancer le dispositif de soutien destiné aux transporteurs. La dixième et dernière vague d’aides aux professionnels du transport routier, mises en place par le gouvernement pour préserver le pouvoir d’achat des ménages, a été accordée en mars dernier.
Dans un récent entretien avec Le360, Mohammed Abdeljalil, ministre du Transport et de la logistique, a expliqué que cette mesure de soutien a été suspendue, car «les prix des hydrocarbures se sont stabilisés».
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«Le dispositif d’aide aux transporteurs a été lancé en mars 2022, quand le prix du Diesel avait frôlé pour la première fois les 12 dirhams. Aujourd’hui, le prix dépasse les 12,50 dirhams, il est donc indispensable de relancer ces aides», souligne Mustapha El Karkouri.
Un «gazole professionnel»
De son côté, Mustapha El Kihel, secrétaire général de la Fédération nationale des professionnels du transport et des taxis, appelle à la mise en place d’un «gazole professionnel» exempté de taxes, qui garantirait un carburant à la pompe moins cher et dédié uniquement aux professionnels du transport.
«Le dispositif d’aide instauré par le gouvernement l’année dernière est un échec total. Les professionnels n’ont pas tous pu en bénéficier. Même ceux qui y étaient éligibles ont dû attendre des mois pour recevoir le montant de l’aide, alors qu’ils avaient des charges quotidiennes», affirme-t-il.
El Kihel insiste également sur le besoin d’accélérer l’enquête sur les soupçons d’entente sur le marché des hydrocarbures, pour «mettre fin aux abus des grands groupes qui manipulent le marché».
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Le Conseil de la concurrence a récemment fait savoir qu’il disposait d’éléments suffisamment probants, caractérisant l’existence de pratiques anticoncurrentielles commises par neuf sociétés opérant sur le marché des hydrocarbures. Ces entreprises ont été notifiées des griefs du Conseil. Le verdict final dans ce dossier devrait être rendu par le collège du Conseil, après une instruction contradictoire permettant aux parties concernées de se défendre.
Pour Imane Rahj, enseignante chercheuse à l’ENCG de Casablanca, les anticipations sont assez pessimistes concernant les budgets et les déplacements des automobilistes, suite aux hausses successives du prix des carburants, dont les répercussions affecteront divers secteurs.
Selon cette économiste, la situation devrait inciter le gouvernement à prendre des mesures rapides en vue d’atténuer les conséquences de la hausse des prix du carburant sur le pouvoir d’achat des Marocains. Et de proposer diverses solutions à envisager: la fixation des prix, la mise en place de subventions ciblées pour les populations les plus vulnérables, une meilleure gestion des réserves stratégiques ou encore la promotion des énergies renouvelables pour diminuer la dépendance au pétrole et amoindrir l’impact des fluctuations des prix.