Le Haut-Commissariat au Plan, le Système des Nations unies au Maroc et la Banque Mondiale ont réalisé conjointement une «note stratégique» pour approfondir la compréhension de l'impact socio-économique de la pandémie du Covid-19 au Maroc.
Le diagnostic est sans appel: l’économie marocaine est d’ores et déjà affectée par l’effondrement économique global, qui touche notamment l’Europe, son principal partenaire commercial. Les mesures de confinement pour faire face à la propagation de la pandémie montrent, elles aussi, des effets négatifs rapides sur l’économie.
«Ces circonstances se traduisent par des défis sans précédent pour le pays qui devait déjà faire face à une année agricole marquée par la sécheresse et laisse entrevoir que l’économie marocaine devrait fortement souffrir de l’impact négatif de la pandémie», préviennent les auteurs de la note.
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D’après le HCP, la croissance économique n’a pas dépassé 0,1% au premier trimestre de 2020, et le produit intérieur brut (PIB) se serait contracté de 13,8% au deuxième trimestre, sous l’effet du confinement strict de la population pendant près de 10 semaines sur 13.
Toutefois, au troisième trimestre 2020, le repli de l’activité s’atténuerait progressivement, pour se situer à -4,1%, au lieu de -13,8% au deuxième trimestre.
Ce mouvement serait principalement attribuable à la reprise des activités du commerce, du transport et des industries manufacturières, à en croire le HCP.
Au mois de juillet 2020, une deuxième enquête réalisée par le HCP auprès des entreprises a ainsi révélé que 86% de celles qui ont arrêté leurs activités pendant le confinement ont repris totalement, ou partiellement, leurs activités après le déconfinement. La reprise de leur activité à un rythme normal a concerné 40% des grandes entreprises, 35% des PME et 31% des TPE.
Sur l’ensemble de l’année 2020, l’économie marocaine devrait néanmoins connaître une récession, la première depuis plus de deux décennies, sous l’effet conjugué de la sécheresse et de la pandémie. En effet, selon les prévisions annuelles du HCP, le PIB connaîtrait une contraction de 5,8% qui serait accompagnée par un creusement du déficit budgétaire à 7,4% du PIB.
Le déficit courant devrait également s’aggraver, pour atteindre 6,9% du PIB.
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Des déficits jumeaux «gérables»Le retour de la croissance vers son sentier d’évolution s’opérerait progressivement à partir de 2021, avec une hausse prévue du PIB de 4,4% par rapport à 2020. Les activités non agricoles se redresseraient, affichant une progression de 3,6%, en ligne avec la reprise de la demande intérieure et extérieure, alors que le retour des conditions climatiques de saison favoriserait une hausse de la valeur ajoutée agricole.
Les déficits jumeaux (soit le déficit commercial et le déficit budgétaire) du Maroc devraient se creuser, mais rester gérables, selon les auteurs de cette note conjointe. En dépit de la baisse des importations, le déficit du compte courant s’accentuerait pour atteindre, selon les estimations de la Banque Mondiale, 8,4% en 2020, en raison du fort déclin des exportations, des recettes touristiques et des transferts de fonds.
En conséquence, le déficit budgétaire global se creuserait, atteignant 7,5 % du PIB en 2020, un pourcentage similaire à celui projeté par le HCP et supérieur de près de quatre points aux prévisions antérieures à l’épidémie.
Les dettes publique et extérieure augmenteraient également, mais demeureraient soutenables.