Une crise de main-d’œuvre menace la prochaine campagne de fruits rouges à Huelva, dans le sud de l’Espagne. Chaque printemps, les champs de fraises de la perle andalouse se teintent de rouge et attirent les marchés européens. Mais cette année, la pénurie de saisonniers pourrait ralentir, voire compromettre, la récolte.
La main-d’œuvre locale, jugée trop coûteuse, ne peut suffire à elle seule. Lors de la foire Fruit Attraction à Madrid, les producteurs espagnols ont rencontré Santiago Yerga, directeur général de la Gestion des migrations au ministère de l’Inclusion, de la Sécurité sociale et des Migrations, pour lancer un appel pressant au gouvernement: augmenter le contingent de travailleurs étrangers, avec un accent particulier sur le Maroc, selon le média espagnol Huelva24.
Le Maroc, partenaire clé d’une migration circulaire
Pour pallier le manque de bras, l’Espagne mobilise chaque année des recruteurs dans différentes régions du monde, avec un focus croissant sur le Maroc et, plus récemment, sur le Sénégal. La proximité géographique, l’expérience dans la cueillette et la disponibilité rapide font des travailleurs marocains des partenaires indispensables pour maintenir la fraise andalouse sur les étals européens. Ironie du sort: ces mêmes producteurs et agriculteurs espagnols mènent depuis des années plusieurs campagnes dénonçant la «concurrence déloyale» des produits marocains sur le marché européen.
Depuis vingt-cinq ans, le système de migration circulaire permet à des milliers de saisonniers de revenir chaque année pour la cueillette des fraises et autres fruits rouges. Les travailleurs sélectionnés, majoritairement des femmes, participent à la récolte avant de retourner dans leur pays d’origine, dans un cycle migratoire stable et bien rodé.
Un appel à renforcer les contingents étrangers
Lors de la dernière campagne, plus de 10.000 travailleurs étrangers avaient été mobilisés, et déjà 8.000 sont présents cette saison. Pourtant, l’organisation Freshuelva alerte: ce nombre reste insuffisant pour couvrir tous les besoins. Les producteurs réclament désormais une augmentation du contingent marocain et sud-américain, en complément des travailleurs locaux et européens. Objectif: accélérer la cueillette, sécuriser la récolte et maintenir Huelva au sommet de la production européenne de fruits rouges.
La campagne s’étend chaque année de fin janvier à début juin, avec un pic d’activité entre mars et avril. Durant cette période, les champs doivent être cueillis rapidement pour garantir la fraîcheur du fruit destiné aux marchés européens.
C’est dans ce contexte que la présence rapide et qualifiée de saisonniers, notamment marocains, devient essentielle pour assurer la continuité de la récolte et la compétitivité de Huelva à l’échelle européenne. Rouge sur rouge, la fraise andalouse dépend donc, cette année encore, des bras venus du Maroc pour conserver sa place sur le podium européen.








