Les Eco parle d’une «gravissime volte-face». Pour le quotidien francophone, « dès que la décision (de hausser les prix du carburant) est devenue effective, les téléphones des ministères concernés se sont subitement tus ». Selon Les Eco, le gouvernement n’a pas assumé ses responsabilités ni respecté l’intelligence des Marocains, et semble se soucier bien peu du droit d’accès à l’information. Akhbar Al Yaoum parle carrément de suicide politique du gouvernement Benkirane. Le quotidien s’est fendu d’une caricature décrivant un chef de l’Exécutif sur le point de s’immoler à l’aide d’un baril de pétrole. S’ensuit un éditorial qui accuse Benkirane de « laisser aux pauvres le soin de payer le prix d’une non-réforme de la Caisse de compensation ». Pour Akhbar Al Yaoum, le chef de l'Exécutif a trop tardé avant de se pencher sur la question de la Caisse de compensation, au point de s’attirer la grogne populaire. «Les 40 milliards de dirhams réservés à la subvention des carburants et du sucre auraient suffi à couvrir les fluctuations du marché sans engager la moindre hausse », lit-on sur le journal. Grogne populaire immédiate et grogne imminente des professionnels Autre journal à tâter le pouls du mécontentement général : Annahar Al Marghribia. Citant Mohammed Benkaddour, Président de la Fédération nationale des associations du consommateur, parle d’une « déclaration de guerre faite par le gouvernement Benkirane à la classe moyenne ». Le journal fait état aussi de l’indignation des syndicats du transport et leur disposition à organiser un débrayage à l’échelle nationale. Seule action entreprise par le gouvernement pour calmer les ardeurs de l’opinion publique : « des efforts de communication », indique Libération, « autour des mesures d’accompagnement, notamment les aides pour le secteur du transport ». On parle ici de couverture de risque, dite « hedging », pour parer aux fluctuations du cours du pétrole. Seule ombre sur le tableau, rappelle Najib Boulif, ministre des Affaires générales, le « hedging » en question s’est déjà soldé par un échec à deux reprises. Il fallait prévenir avant d'augmenter La seconde hausse des prix du carburant n’a pas tardé à faire son effet, que ce soit dans la rue ou parmi les détracteurs de Benkirane et de son gouvernement. Les consommateurs n’aiment pas les surprises, surtout quand elles touchent à leurs poches ; et il ne serait pas vraiment surprenant de voir le consommateur, le transporteur ou quiconque ne portant pas Benkirane dans son cœur, se soulever contre la promesse d’une hausse des prix et une Caisse de compensation laissée à l’abandon.
Par Yassine Ahrar
Le 16/09/2013 à 22h55