«Moulay Hafid Elalamy une paire de ciseaux dans la main droite et un ruban dans la main gauche. L'image est devenue classique». C’est par ces mots que le magazine Telquel décrit le ministre de l’Industrie, qui rempile pour un deuxième mandat sous le gouvernement El Othmani.
Mais, si le magazine s’intéresse, dans son édition du 24 au 30 novembre, aux multiples inaugurations effectuées par le ministre, c’est parce qu’il s’interroge sur la capacité du businessman à tenir sa promesse quant aux emplois industriels. En effet, à sa nomination en 2014, Elalamy avait lancé le plan d’accélération industrielle (PAI) avec, pour objectif, la création de 500.000 emplois à l’horizon 2020. Passant d’inaugurations d’usines à cérémonies de signatures durant son mandat, Moulay Hafid Elalamy a annoncé, lors de chaque événement, 1800 emplois par-ci, 11.000 emplois par-là.
Telquel ne remet cependant pas en cause la qualité de «deal maker» de Moulay Hafid Elalamy, rappelant que la tendance à la perte d’emploi, enregistrée par le HCP entre 2009-2014, s’est bel et bien inversée avec l’arrivée de l’homme d’affaires à la tête du département de l’industrie. En effet, contre une perte de 22.000 emplois, le secteur en gagne 10.750 en moyenne annuellement. Mais, se demande Telquel, cela sera-t-il suffisant pour atteindre l’objectif de 500.000 emplois en 2020?
A ce propos, le ministère annonce que 117.000 personnes ont été recrutées dans le cadre du PAI. Le HCP, quant à lui, comptabilise 161.000 emplois créés conte 118.000 perdus, soit un net d’emploi de 48.000 seulement. Une donnée que le ministère refuse de communiquer pour permettre de juger le nombre réel d'emplois crées. La différence de méthode de calcul n’explique pas tout. Car, selon un économiste du HCP cité par Telquel, «le ministère parle de ce qu’il fait, de voitures, d’aéronautique… Ce déploiement d’industrie est bel et bien créateur d’emplois nouveaux, mais toutes les industries traditionnelles ne s’adaptent pas aux nouveaux modes de production». Pour cet expert, il n’y a pas de doute: «le patrimoine industriel du pays est en train de s’effondrer».
Les chiffres restent têtus car, en plus de la perte d’emploi, l’industrie ne représente que 14% du PIB, bien loin de l’objectif des 22% inscrit dans le PAI. Malgré cela, le ministère maintient sa version en estimant que c’est en 2019 que les effets du Plan d’accélération industrielle deviendront visibles.