IR: la fausse légitimité du coup de gueule des professions libérales contre la retenue à la source

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Revue de presseKiosque360. Derrière un discours accusant le gouvernement de vouloir attenter à leur activité, certaines professions libérales militent surtout pour un statut quo qui leur évite de payer, en bons contribuables, l’impôt sur le revenu. Les chiffres sont éloquents. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Eco.

Le 16/11/2022 à 21h40

Les protestations des professions libérales contre la retenue à la source continuent. Avocats, médecins, courtiers d’assurance, topographes sont vent debout contre cette mesure, qui cible le recouvrement de l’impôt sur le revenu (IR). «En réalité, cette mobilisation est motivée par un seul objectif: préserver le paradis fiscal (et le mot n’est pas exagéré) dans lequel opèrent ces professions depuis des décennies. Oui, le projet de loi de Finances a touché là où ça fait mal», souligne, d’emblée, le quotidien Les Inspirations Eco dans son édition du jeudi 17 novembre.

La retenue à la source, assortie d’une demande de restitution éventuelle d’un trop perçu, signifie plus de transparence et de traçabilité de leurs revenus. Ce dont ces praticiens ne veulent absolument pas entendre parler.

«Les avocats ont déjà activé leurs relais au Parlement où ils sont massivement représentés. Contre toute attente, ils ont fait reculer le gouvernement en obtenant une baisse des taux: 10% pour les avocats exerçant sous la forme de personne physique et 5% pour les sociétés civiles professionnelles d’avocats», indique le quotidien. Ceci, alors que 90% des avocats identifiés au fisc paient moins de 10.000 dirhams d’IR par an.

Mieux: sur les 16.000 avocats exerçant au Maroc, seuls 6.000 déclarent régulièrement leur revenu. L’amnistie proposée au lendemain des assises fiscales de 2019, afin de régulariser leur déclaration d’impôt, n’a rien donné. «Rien n’a changé à la situation», tempête un spécialiste des finances publiques, cité par Les Inspirations Eco, qui s’étonne qu’un bâtonnier ne déclare que 14.000 dirhams de revenu mensuel en moyenne.

Le même schéma s’applique aux médecins du secteur libéral et ceux qui prestent dans les cliniques privées. Alors qu’un médecin employé à l’hôpital public paie en moyenne 78.000 dirhams d’impôt sur le revenu, retenue à la source, par an, son confrère du privé ne règle que 10.000 dirhams, soit 7 fois moins. «Aux assises de la fiscalité en 2019, l’ancien secrétaire général du ministère des Finances, Zouhair Chorfi, s’était attiré les foudres de toubibs pour avoir levé le voile sur la réalité de leur contribution aux charges de la collectivité», lit-on.

Entre-temps, ce sont surtout les salariés et les fonctionnaires qui supportent l’essentiel du poids de l’impôt sur le revenu. Sur les 45 milliards de dirhams rapportés par l’IR en 2021 au Trésor, trois-quarts proviennent de l’IR sur salaires. En comparaison, les professions libérales paient en moyenne… entre 9.000 et 10.000 dirhams au titre de l’IR par an, «soit moins qu’un salarié qui émarge à 6.000 dirhams mensuels».

Par Nabil Ouzzane
Le 16/11/2022 à 21h40