Jouahri juge «insuffisant» le rythme de croissance de l’économie nationale et appelle à accélérer les réformes

Le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, prend la parole à une réunion de la commission des Finances à la Chambre des représentants, le 15 février 2022.

Le Wali de Bank Al-Maghrib, Abdellatif Jouahri, prend la parole à une réunion de la commission des Finances à la Chambre des représentants, le 15 février 2022. . Hicham Ferchi / MAP

Intervenant hier, mardi 15 février, lors d'une rencontre avec la commission des finances à la Chambre des représentants, le Wali de Bank Al-Maghrib a, une nouvelle fois, insisté sur la nécessité d’accélérer le rythme de réalisation des réformes structurelles pour que le Maroc puisse atteindre ses objectifs de développement.

Le 16/02/2022 à 14h54

Le ralentissement prévu de la croissance économique du Maroc en 2022, après un fort rebond en 2021, préoccupe Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib (BAM). De passage devant les membres de la commission des finances à la Chambre des représentants pour un exposé sur la problématique de l’investissement, le gouverneur de la banque centrale a, comme à son habitude, tenu un langage franc et sans détours au sujet des perspectives de l’économie nationale au sortir de la crise du Covid-19.

«Ce qui reste préoccupant, c’est qu’après ce rebond (de la croissance en 2021, à 7,1% après une contraction de 6,3% en 2020, Ndlr), en partie mécanique, l’économie nationale devrait retrouver le rythme de croissance d’avant-crise et qui était autour de 3,5% en moyenne avec des variations d’une année à l’autre selon les conditions climatiques. Ce niveau reste largement insuffisant pour l’amélioration des conditions de vie de la population et la création d’un nombre suffisant d’emplois de qualité», a-t-il déclaré.

Selon Abdellatif Jouahri, la confiance des investisseurs étrangers dans l’économie nationale s’est, certes, maintenue comme le laissent indiquer les données sur les Investissements directs étrangers (IDE), leurs recettes s’étant établies à 27,5 milliards de dirhams en 2020 et à 32,2 milliards de dirhams en 2021 contre 34,5 milliards de dirhams en 2019. Toutefois, a-t-il ajouté, la crise a mis en exergue l’étendue de la fragilité du tissu économique et du marché du travail ainsi que la vulnérabilité de larges franges de la population.

«Aujourd’hui, notre pays se doit de relever ce défi dans un contexte post-Covid marqué par un niveau d’incertitude toujours élevé et par des changements de paradigmes profonds que la crise a induits ou accélérés. Il s’agit notamment de la digitalisation, de l’impératif du verdissement de l’économie, d’une remise en question du multilatéralisme et d’une forte montée du souverainisme», a souligné le Wali de BAM.

Pour faire face à l’ensemble de ces défis et atteindre ses objectifs de développement, le Maroc a lancé durant les dernières années plusieurs réformes et chantiers structurels, les plus importants l’ayant été à l’initiative du Roi, dont en particulier l’élaboration d’un Nouveau modèle de développement. Pour Jouahri, aujourd’hui, il plus que nécessaire d’accélérer le rythme de réalisation de ces chantiers.

Accélérer le rythme des réformesDevant les députés, le gouverneur de la banque centrale a cité les chantiers les plus urgents à réaliser à son sens, dans ce qui ressemble à une véritable feuille de route pour le gouvernement. Il a ainsi appelé à l’accélération de la mise en œuvre des réformes visant l’amélioration du climat des affaires, notamment la réforme de la charte de l’investissement, la simplification des procédures administratives, ou encore l’opérationnalisation du Fonds Mohammed VI pour l’investissement.

Autres chantiers majeurs à faire aboutir rapidement, aux yeux du Wali: l’amélioration de la qualité de la gouvernance à tous les niveaux, la lutte contre la corruption, la consécration des principes du mérite et de la reddition des comptes.

Abdellatif Jouahri a par ailleurs insisté sur la refonte du système d’éducation et de la formation professionnelle, nécessaire pour produire les cadres et la main-d’œuvre dont a besoin le Maroc, pour améliorer la productivité et la compétitivité de l’économie.

Le Wali a souligné également l’importance d’accélérer la mise en œuvre de la loi-cadre sur la fiscalité et de procéder à des revues régulières de la dépense publique, de même que de parachever la réforme des systèmes de retraite, afin, dit-il, de renforcer les marges nécessaires au financement des réformes et chantiers structurels.

Sur le plan social, le Wali a préconisé de «continuer à lutter contre les disparités et œuvrer pour une croissance plus inclusive et une distribution équitable des fruits de la croissance pour soutenir l'ascension social». Il s’agit également, selon lui, d’accélérer la mise en place du registre social unifié, «nécessaire à la poursuite de la refonte de la politique sociale de notre pays».

Selon Abdellatif Jouahri, en effet, «pour assurer une cohérence de l’ensemble des chantiers et une efficience dans l’utilisation des ressources, il est nécessaire d’instaurer la culture d’évaluation dans le cadre d’une vision stratégique avec une priorisation des objectifs et des ressources».

Par Amine El Kadiri
Le 16/02/2022 à 14h54