«L’Etat doit le lever le pied sur l’investissement au profit du privé». La phrase est lâchée par celui qui a fait passer le «trésor de guerre» de la CIMR de 24 milliards de dirhams en 2011 à 45 milliards de dirhams entre 2011 et 2016. Dans une interview accordée au magazine Telquel, toujours dans les kiosques, Khalid Cheddadi, patron de la CIMR, s’explique sur les fondamentaux de la politique d’investissement menée par la caisse qu’il dirige depuis 2003.
Il affirme ainsi que le doublement des réserves en 5 années, seulement, s’explique par les excédents dégagés par la CIMR, entre excédent technique – «différence entre les cotisations perçues et les pensions servies»– et le rendement du portefeuille détenu par la Caisse sur le marché financier. Un rendement qui sera, d’ailleurs, cette année en deçà de la moyenne de ces dix dernières années (8,5%). Le rendement du portefeuille en 2017 sera, en gros, au même niveau que celui de 2016, c’est-à-dire autour de 6,25%. Une baisse qui devra être résorbée dans les années à venir, confie-t-il dans les colonnes de Telquel, grâce notamment aux 30% de croissance affichés par le marché d'actions en 2016.
Chère bulle
Interrogé sur les raisons de la bulle financière, et plus précisément sur le rôle joué par des institutionnels comme la CIMR dans l’implosion de cette situation à travers, notamment; les souscriptions massives en fin d’année, Khalid Cherradi botte en touche: «c’est une explication. Mais je ne crois pas que ce soit la seule cause de la bulle de 2016», pour laquelle, avoue-t-il, «il n'a pas d’hypothèse particulière».
Il expliquera enfin que la CIMR n’est pas à blâmer puisqu’elle n’a pas pris part à ce mouvement de souscriptions massives. Cheddadi tient d’ailleurs à rappeler que la CIMR dispose de «compétences qui n’ont rien à envier» à celles des sociétés de gestion de la place.
Au volet de la CNSS, le patron de la CIMR affirme qu’il s’agit d’«une caisse indépendante qui n’est pas une entreprise publique et ne peut recevoir une directive de l’Etat au sujet de la gestion de ses fonds». Une affirmation qui n’est pas fortuite: interrogé par le magazine sur sa réaction à l’annonce d’Abdellatif Zaghnoun, directeur général de la CDG, et la volonté du bras armé de l’Etat de gérer une partie des réserves des caisses autres que la CNSS, le patron de la CIMR se veut confiant, mais aussi tranchant: «Je ne pense pas que M. Zaghnoun ait inclus dans ses propos la CIMR».