Les charges salariales des fonctionnaires ont toujours suscité la critique, voire la polémique, mais celles-ci deviennent aujourd’hui ahurissantes. L’Economiste, dans son édition du 12 mars, va même jusqu’à dire qu’«elles plombent les comptes publics». Si le quotidien n’y va pas par quatre chemins, c’est tout simplement parce que le poste charge du personnel atteint la somme faramineuse de 140 milliards de dirhams (cotisations sociales et impôt sur le revenu compris). Ainsi, les trois quarts des recettes fiscales partent dans les salaires des fonctionnaires.
Comparé aux recettes et au Produit intérieur brut (PIB), le niveau de ces charges salariales est «important», concède Mohamed Boussaïd, actuel ministre des Finances, dans les colonnes du quotidien. Un euphémisme que l’ont peut aisément remplacer par le mot «intenable». En effet, rapportée au PIB, cette masse salariale frôle les 15%, contre 11% au cours des dernières années. Un ratio inquiétant compte tenu des possibilités économiques et financières du pays, puisque «la rémunération moyenne dans le secteur public représente 3,5 fois le PIB par habitant au Maroc contre 2,5 fois dans la région et 1,5 fois au niveau mondial», selon le FMI.
Un dialogue social qui coûte cher
Un emballement attribué en grande partie aux «avantages» accordés dans le cadre du dialogue social. Particulièrement l’augmentation –pourtant relative– du salaire de 2.800 DH à 3.000 DH mensuels au profit de 53.000 fonctionnaires, qui a créé une dépense récurrente de 160 millions de dirhams. Et cette année, les crédits ouverts au titre des dépenses du personnel s’élèvent à 105,5 milliards de dirhams. «Un montant qui tient compte des avancements et des postes budgétaires prévus par la loi de Finances», selon L’Economiste.
Néanmoins, il va falloir attendre le résultat final du dialogue social avec les syndicats afin d’avoir une véritable idée sur l’évolution de ce poste. A la veille des élections, les syndicats s’attendent bien évidemment à un petit geste de sympathie de la part du gouvernement. Plus qu’une attente, c’est surtout une condition sine qua non posée par les centrales syndicales pour discuter la réforme de la retraite des fonctionnaires. Et même si les équilibres macro-économiques du royaume s’améliorent, faut-il pour autant améliorer les revenus? Oui selon Boussaïd, qui considère que le contexte est favorable, même si la vigilance doit primer.
L’analyse des recrutements dans la fonction publique révèle qu’au cours de la période 2007-2014, 146.961 postes ont été créés pour une enveloppe budgétaire de 12,8 milliards de dirhams, dont 80% ont été accaparés par l’Education, l’Enseignement supérieur, l’Intérieur, la Santé et la Justice.