Le Fonds monétaire international s'est montré moins optimiste qu'en octobre dans ses dernières prévisions de croissance mondiale publiées lundi, tablant désormais sur 3,3% cette année et 3,4% l'an prochain.
Mais c'est bien mieux que l'an passé quand, sous l'effet de la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, la hausse du volume du commerce international avait fondu (+1% après 3% en 2018) et fait tomber la croissance de la planète à 2,9%, son plus faible niveau depuis la crise financière.
Pas de quoi se réjouir pourtant. Cette reprise est freinée par de "mauvaises nouvelles" venues d'Inde qui souffre entre autres du déclin de la consommation, des investissements, des déficits budgétaires et des retards pris dans les réformes structurelles. De plus, dans d'autres pays, les économies sont secouées par une profonde contestation de la rue.
C'est le cas du Chili, en Amérique latine. La crise sociale s'y est déclenchée en octobre, avec des manifestations d'étudiants contre une hausse du prix du ticket de métro, qui se sont muées en une révolte d'ampleur inédite depuis la fin de la dictature du général Augusto Pinochet (1973-1990).
Regain de tensions géopolitiques
Par ailleurs, le regain de tensions géopolitiques, notamment entre les Etats-Unis et l'Iran, pourrait perturber l'approvisionnement mondial en pétrole, nuire au moral et affaiblir les investissements commerciaux déjà timides, note le Fonds dans un communiqué.
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Sur le front du commerce international, la trêve entre Washington et Pékin, scellée la semaine dernière par la signature d'un accord bilatéral, ne résout pas tout. "Il reste fort à faire pour soigner les fractures existant entre les deux principales puissances économiques de la planète", a souligné la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, vendredi lors d'une intervention devant le Peterson Institute for international economics (PIIE).
Au-delà de ces deux pays, "c'est tout le système commercial mondial qui a besoin de profondes améliorations", a-t-elle dit. Par ailleurs, "trêve commerciale ne signifie pas paix commerciale", a-t-elle mis en garde.
Pour l'heure, la première phase de l'accord sino-américain va stimuler la croissance de la Chine cette année. Le FMI table désormais sur une hausse de 6%, soit 0,2 point de plus que l'estimation d'octobre. Les Etats-Unis profiteront eux aussi de cet accord qui va doper leurs exportations de produits agricoles, industrielles et du secteur de l'énergie.
Les "faux pas politiques" à éviter
Mais l'expansion s'essouffle. La croissance du PIB américain va ralentir à 2% (-0,1 point) après 2,3% l'an passé, les effets de la réforme fiscale s'estompant. Pour autant, la première puissance au monde va continuer de faire la course en tête des pays avancés, bien loin des pays de la zone euro (+1,3%) et du Japon (+0,7%).
Les pays émergents et en développement vont s'accroître, eux, de 4,4% après 3,7% en 2019. Le volume du commerce international, qui a porté la reprise après la récession mondiale, va se reprendre cette année (+2,9% contre 1% l'an passé). Mais l'augmentation sera inférieure à celle estimée en octobre et loin des 3,7% enregistrés en 2018.
Sur une note plus positive, des facteurs temporaires qui avaient ralenti la production mondiale tels que les adaptations du secteur automobile aux nouvelles normes d'émissions semblent s'estomper.
Reste que toutes ces projections "dépendent dans une large mesure de la capacité (des dirigeants) à éviter une nouvelle escalade des tensions commerciales américano-chinoises (...), à éviter un Brexit sans accord et les ramifications économiques des troubles sociaux et des tensions géopolitiques", prévient l'institution de Washington.
Le cas échéant, la reprise pourrait être sérieusement entamée. "Les faux pas politiques à ce stade affaibliraient encore une économie mondiale déjà faible", conclut le Fonds qui voit 2020 comme une "tentative de stabilisation".