Les difficultés de La Samir ont été au cœur des débats lors du Conseil de gouvernement, tenu ce mercredi 19 août. Le porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, a indiqué lors du point de presse, organisée à l'issue de cette réunion, que le conseil a suivi un exposé présentant les derniers développements relatifs à la raffinerie, affirmant que les autorités publiques ont pris «toutes les mesures pour garantir l'approvisionnement régulier du marché en produits pétroliers».
Mais au-delà du discours rassurant quant à l’approvisionnement du marché local, le bras de fer entre les pouvoirs publics et l’actionnaire saoudien semble se poursuivre, bien que La Samir ait rendu public un communiqué où elle affirme avoir accepté le plan de restructuration financière. Mardi 18 août, une réunion a rassemblé Cheikh Mohamed Al Amoudi, président de Coral, et les ministres des Finances, de l’Intérieur et de l’Energie. Et selon une source gouvernementale, les responsables marocains ont adopté un ton des plus fermes. «L'Etat marocain ne renoncera à aucun dirham dû par La Samir», confie à Le360 un membre du gouvernement, ajoutant que «les droits des salariés doivent également être préservés». Et d’enfoncer le clou: «L'Etat ne cédera à aucune pression, marchandage ou chantage».
Une déclaration qui laisse insinuer que l’actionnaire de La Samir continue ses manœuvres pour essayer de décrocher de nouveaux cadeaux de la part des autorités et de ses créanciers. A rappeler dans ce sens que La Samir doit à l’administration des douanes quelques 13 milliards de dirhams au titre de la Taxe intérieure à la consommation (TIC) et totalise des crédits auprès de banques locales pour un montant de 7 milliards de dirhams, dont une bonne partie est due à la Banque centrale populaire (BCP). Un montant faramineux que les actionnaires de La Samir cherchent aujourd’hui à renégocier en brandissant la menace d’un arrêt de production.
En effet, la raffinerie avait annoncé début août qu’elle suspend temporairement son activité de raffinage en raison de ses difficultés financières. Un coup de tonnerre qui avait coïncidé avec l’arrivée du roi Salman Ibn Abdelaziz en visite privée à Tanger. Un timing loin d’être anodin dans la mesure où l’actionnaire de la Samir a voulu donner une dimension politique à cette crise. Une approche qui a fini par se retourner contre lui: le roi Mohammed VI, qui aurait peu apprécié une telle manœuvre, a donné ses instructions pour se montrer ferme dans la gestion de ce dossier.