La durabilité des pêches en Méditerranée et en mer Noire demeure une préoccupation majeure, mais les derniers chiffres publiés par la Commission générale des pêches pour la Méditerranée, relevant de la FAO, apportent une note d’optimisme. Selon l’édition 2025 du rapport sur la Situation des pêches dans ces deux bassins, reprise par le quotidien Les Inspirations Éco, le pourcentage de stocks surexploités a chuté à son niveau le plus bas depuis une décennie. Plus de 700 experts régionaux ont contribué à ce document qui révèle également que la pression exercée par les activités de pêche a été réduite de moitié en dix ans, permettant à plusieurs stocks essentiels de montrer des signes de reconstitution.
L’étude, qui couvre 120 stocks évalués, dont ceux du Maroc, souligne toutefois que 52% restent en situation de surexploitation. Ce taux, bien qu’en nette amélioration par rapport aux 87% enregistrés il y a dix ans, demeure trop élevé pour garantir un équilibre écologique satisfaisant. Le rapport met en lumière une réalité préoccupante pour le Maroc: une baisse marquée des débarquements issus de la pêche de capture en Méditerranée. Avec 15.556 tonnes enregistrées en 2023, le pays affiche la plus forte chute régionale, soit un recul de 45,7% par rapport à la moyenne observée entre 2020 et 2021, période durant laquelle les débarquements atteignaient 29.308 tonnes, rapporte Les Inspirations Éco.
Malgré cette contraction, le Maroc conserve un rôle central dans la gestion partagée des ressources halieutiques. Le Royaume participe activement aux plans de gestion pluriannuels, notamment pour la dorade rose en mer d’Alboran, pêcherie qu’il partage avec l’Espagne. Le pays est également engagé dans des études socio-économiques visant à mieux encadrer la récolte du corail rouge, ressource particulièrement sensible.
Sur le plan social, le rapport rappelle l’importance vitale du secteur halieutique pour les communautés littorales marocaines. Le pays compte 18.251 emplois directs à bord des navires, faisant de lui l’un des six principaux employeurs de la région. Cette forte dépendance se reflète dans un indicateur clé: 0,68% de la population côtière dépend directement de la pêche pour ses revenus. La flotte marocaine en Méditerranée, composée de 3.302 navires, est dominée par le segment artisanal, qui génère à lui seul 44% des revenus de la pêche de capture, bien au-dessus de la moyenne régionale. Ce poids économique témoigne du rôle crucial de la pêche artisanale dans la stabilité sociale et la résilience des territoires riverains, a-t-on lu.
Face au recul des captures, l’aquaculture apparaît comme un levier stratégique pour assurer la croissance future du secteur. Même si la production marocaine reste modeste en comparaison des grandes puissances régionales, notamment la Turquie et l’Égypte, elle affiche la progression relative la plus élevée de la zone. Entre les périodes 2020-2021 et 2022-2023, la production a bondi de 58,1%, atteignant 790 tonnes en 2023. Cet essor s’inscrit dans la dynamique de la stratégie Halieutis, qui mise sur des conditions côtières favorables et encourage la diversification, notamment à travers la culture d’algues rouges. Les autorités ont également instauré des dispositifs institutionnels solides, avec la création de l’Agence nationale de développement de l’aquaculture et la mise en place de zones dédiées, dans l’objectif d’attirer davantage d’investissements.
Sur les plans commercial et réglementaire, le Maroc conserve une position avantageuse grâce à une balance commerciale excédentaire pour les produits de la pêche. La consommation nationale de produits aquacoles demeure toutefois extrêmement faible, en raison d’une préférence culturelle marquée pour les poissons sauvages, en particulier les petits pélagiques. Le rapport met en avant les efforts du pays en matière de modernisation juridique, notamment l’instauration d’un guichet unique pour simplifier l’octroi des licences d’aquaculture, un modèle présenté comme exemplaire pour la région.
Le Maroc doit néanmoins composer avec plusieurs défis de taille: l’impact grandissant du changement climatique sur les écosystèmes côtiers, la dépendance aux importations d’intrants essentiels pour l’aquaculture, comme l’aliment et les semences, et la nécessité de renforcer la résilience environnementale face aux pressions croissantes. Dans leur conclusion, les auteurs de ce rapport indiquent que malgré des avancées notables, seule une gestion plus intégrée et durable permettra de consolider les progrès réalisés et d’assurer l’avenir des pêches dans la région.









