Coup dur pour l’économie marocaine. Fitch Ratings, l’une des trois agences de notation majeures au niveau mondial avec Standard & Poor's et Moody’s, vient d’abaisser la note souveraine du Maroc, qui passe de BBB- à BB+, avec perspectives stables. Le Royaume perd ainsi son «Investment grade», si cher à Mohamed Benchaâboun, ministre de l’Economie et des finances.
Selon l’agence new-yorkaise, cette dégradation reflète «le grave impact de la pandémie de coronavirus sur l'économie marocaine, ainsi que sur les finances publiques et extérieures».
«Une baisse des recettes budgétaires et une contraction historiquement importante du PIB entraîneront une augmentation sensible de la dette publique, tandis que les répercussions sur l'industrie et le tourisme entraîneront une aggravation significative du déficit du compte courant et de la dette extérieure nette qui sont déjà à des niveaux élevés», soulignent les analystes de Fitch Ratings.
Ces derniers dressent un tableau plutôt sombre de la situation. «Bien que les autorités marocaines visent à limiter la détérioration des finances publiques, l’impact persistant de la pandémie sur le budget et les projets d'extension des services sociaux, dans un contexte de recrudescence du chômage, compliqueront les efforts de stabilisation de la dette», indiquent-ils.
Lire aussi : Fitch Ratings met en garde contre une nouvelle aggravation du déficit budgétaire
L’agence de notation s’attend à ce que le déficit budgétaire s’établisse à 7,9% du PIB en 2020, et 6,5% en 2021, contre 4,1% (hors recettes de privatisation) en 2019. Pour ce qui est des perspectives de croissance, les perturbations dues à la crise sanitaire et à une sécheresse de deux ans entraîneront la contraction économique la plus forte jamais enregistrée avec un PIB en baisse de 6,5%, estime Fitch Ratings.
A noter que Fitch Ratings est la première des trois agences de notation à dégrader la note souveraine du Maroc. Au début de ce mois d’octobre, Standard & Poor’s s’était contenté de baisser la perspective de stable à négative, mais avait préservé le BBB- du Maroc.
Rappelons que la notation de la dette souveraine d’un pays apprécie le risque de solvabilité financière d’un Etat. C’est un indicateur très suivi par les investisseurs internationaux. Plus la notation est élevée, plus la prime de risque à payer par l’emprunteur est basse. Lors de son dernier emprunt en devises d’un milliard d’euros en septembre dernier, le gouvernement marocain a pu bénéficier de conditions de prêts relativement avantageuses, fort de son «Investment grade». Il devrait en être autrement lors de la prochaine sortie du Trésor à l’international, prévue en 2021.