Dans une interview publiée lundi par l'agence de presse espagnole Efe, Ahmed Lahlimi a indiqué que "l'État a réussi à faire face à cette situation exceptionnelle, à travers la mobilisation des ressources internes et le lancement d'initiatives sociales, sous l'impulsion de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, avec le soutien du gouvernement".
Le responsable s'est arrêté sur le caractère multidimensionnel de cette crise qui aura des conséquences sur tous les secteurs économiques, allant de l'agriculture au tourisme (qui représentent 20% du PIB), en passant par l'artisanat et les industries agroalimentaires, entre autres, notant que les exportations de l'industrie automobile, de phosphates et du textile, ainsi que les transferts de fonds des Marocains résidant à l'étranger, qui sont les principales sources de devises pour le pays, seront également affectés.
"Le secteur de l'automobile, qui représente plus de 20% de nos exportations souffre de la crise actuelle; l'industrie du phosphate continue à résister mais subit lourdement les effets de la baisse des volumes et des prix, tandis que le textile est dans la même situation. C'est comme une chaîne d'impact", a fait savoir Ahmed Lahlimi.
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Dans ses dernières projections, le HCP a estimé que la croissance de l'économie nationale s’établirait à -1,8% au deuxième trimestre 2020, avec une perte d'environ 10,9 milliards de dirhams (970 millions d'euros) sur cette période, rapporte le média espagnol.
Ahmed Lahlimi a estimé que le taux de croissance "sera sûrement négatif" cette année, du fait que le pays ne peut pas échapper à la situation difficile à laquelle font face plusieurs pays de la région, notamment ceux de l'Union européenne, avec lesquels le Maroc développe 70% de ses échanges économiques.
"Le Maroc a su répondre à cette crise avec suffisamment d'initiatives, du courage et de la prévoyance. La création d'un fonds de soutien économique et social, à travers la mobilisation de ressources internes est extrêmement importante", a-t-il insisté, saluant l'implication de l'ensemble de la société dans ces politiques.
"Nous vivons une nouvelle phase de résistance au cours de laquelle les Marocains récupèrent leurs ressources historiques d'une nation. (...) Nous devons rendre hommage au gouvernement qui, sur les instructions de Sa Majesté le Roi, est pleinement impliqué dans cette étape", a-t-il ajouté, estimant que le pays devrait commencer à réfléchir à la phase post-crise et à planifier les futurs projets stratégiques qui doivent, selon lui, placer l'environnement et l'Homme au centre de leurs préoccupations.
"Dans cette phase post-crise, l'État doit être un moteur de développement: non pas un Etat providence, mais un Etat stratège et un mobilisateur de ressources. Je suis plutôt en faveur d'une économie planifiée, avec des plans ouverts sur l'avenir, et non pas d'une planification administrative que nous avons connu dans les années 60", a-t-il recommandé.
Le Haut commissaire au Plan s'est dit également favorable au recours à l'endettement intérieur ou extérieur lorsque cela est nécessaire pour financer les investissements, et non pas les dépenses de fonctionnement, même si cela devrait faire augmenter le déficit public.
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"Il n'est pas nécessaire de mythifier certains indicateurs. Le déficit de 2 ou 3% est un mythe et une croissance qui s'établit à 6% en est un autre. La croissance ne dépend pas du niveau mais plutôt du contenu. Créera-t-elle des emplois et des revenus?" N'y a-t-il pas d'inégalités sociales dans cette croissance? C'est le plus important", a-t-il conclu.