Le DG de la Banque mondiale se confie

Bertrand Badré, DG de la Banque mondiale.

Bertrand Badré, DG de la Banque mondiale. . DR

EntretienLe directeur général et directeur financier du Groupe de la Banque mondiale Bertrand Badré est l'un des intervenants de marque du forum "The Atlantic Dialogues" organisé, ce week-end, à Marrakech. Interview.

Le 26/10/2014 à 10h08

Le360: Comment évaluez-vous les relations entre le Maroc et la Banque mondiale?

Bertrand Badré: Le Maroc est un ancien partenaire. Un partenaire fiable avec lequel on a des relations de confiance. Nous avons augmenté les concours accordés au Maroc. Aujourd'hui la Banque mondiale octroie environ 1 milliard de dollars de financement chaque année en diverses formes. Quant au secteur privé, la Société financière internationale (filiale de la Banque mondiale) a engagé 600 millions de dollars au titre des trois dernières années. Le Maroc est un partenaire très important sur le plan stratégique compte tenu notamment de son rôle en Afrique.

Justement que représente l'Afrique pour la Banque mondiale?

La croissance est plus dynamique en Afrique. La Banque mondiale intervient depuis toujours en Afrique. En 2013, l'institution a mobilisé une quinzaine de milliards de dollars en Afrique subsaharienne. Nous allons continuer à travailler avec deux objectifs assignés par nos actionnaires, c'est à dire l'ensemble de la communauté internationale y compris les Etats africains. Le premier objectif vise à éradiquer la pauvreté et le second porte sur la promotion d'une croissance partagée. Le défi de l'éradication de la pauvreté dans le monde passe par le continent noir. On le gagnera ou on le perdra en Afrique.Comment réussir une croissance partagée?

Il ne faut pas une croissance qui bénéficie à une petite minorité. Il faut une croissance qui profite à l'ensemble de la population. C'est un défi à relever en Afrique, un défi auquel on s'attèle. On le voit particulièrement quand un certain nombre de pays bénéficient de ressources sans que les fruits n'aillent à tous. Il faut faire en sorte que ces ressources puissent bénéficier à l'ensemble de la population.

L'Afrique fait face à l'Ebola, la communauté internationale agit peu...

Il ne faut pas dire que l'Afrique affronte l'Ebola. Il faut plutôt dire que le monde affronte l'Ebola. Ce virus mortel est particulièrement présent dans trois pays. Si vous dites l'Afrique affronte l'Ebola, c'est ne pas rendre compte de la réalité. L'Afrique, c'est plus de 50 pays.

Mais le flux économique vers l'Afrique a baissé à cause de la propagation du virus...

Il y a un problème majeur qui pour l'instant est heureusement concentré dans trois pays. Il faut absolument consolider les efforts pour arrêter la pandémie en Guinée, Siera Leone et au Libéria et ne laissons pas croire que toute l'Afrique est touchée. La Banque mondiale a un rôle à jouer en matière de mobilisation financière.

Que pense la Banque mondiale de l'initiative de pays émergents de créer leur propre banque?

Les pays du Brics (Brésil, Russie, Inde Chine, Afrique du sud) ont lancé cette initiative, mais il faut rappeler qu'il existe beaucoup d'institutions de développement, nationales ou régionales comme la Banque africaine, la Banque asiatique, la Banque interaméricaine. La Banque nationale de Chine est l'une des plus importantes au monde. Cet univers est concurrentiel et je souhaite qu'il soit plus coopératif. Il y a de la place pour tout le monde. C'est stimulant...

Que signifie la transparence et la bonne gouvernance pour la Banque mondiale?

La Banque mondiale est une institution contrôlée par 188 Etats. Nous travaillons dans le souci de la transparence. Les gens veulent avoir de la connaissance sur l'institution pour nous faire confiance. C'est un sujet crucial et existentiel pour nous. En Afrique comme partout dans le monde, on dit ce qu'on fait et comment on va le faire. On met en place des stratégies par pays tous les trois ans.

Par Mohamed Chakir Alaoui
Le 26/10/2014 à 10h08