Le Fonds Mohammed VI et le GPBM lancent «CapAccess» pour relancer l’investissement privé

Lancement officiel du produit «CapAccess» par le Fonds Mohammed VI pour l'investissement et le GPBM.

Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement et le Groupement professionnel des banques du Maroc ont lancé, le mardi 5 mars à Casablanca, un produit de dette subordonnée appelé «CapAccess». Objectif: améliorer l’accès au financement pour les entreprises et relancer l’investissement privé pour lui permettre de jouer les premiers rôles dans le développement économique du pays.

Le 05/03/2024 à 18h50

Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement et les banques marocaines innovent pour donner un nouveau coup de pouce à l’investissement privé. Le fonds et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) ont lancé officiellement, en partenariat avec Tamwilcom, lors d’une cérémonie le mardi 5 mars 2024 à Casablanca, un produit de dette subordonnée appelé «CapAccess». Objectif affiché par ses initiateurs: améliorer l’accès au financement pour les entreprises, en apportant une solution au problème structurel de l’insuffisance des fonds propres qui obère l’investissement. Par conséquent, il devra permettre de relancer l’investissement privé qui devra, à l’avenir, représenter deux tiers de l’investissement global au niveau du pays, selon la nouvelle stratégie de l’État dans ce domaine, contre un tiers seulement actuellement.

La cérémonie du lancement de ce produit de dette subordonnée, qui est une première au Maroc et qui sera disponible à partir du mois d’avril prochain, a connu la présence du gotha de la finance et des milieux des affaires au Maroc. Il s’agit notamment des protagonistes, à savoir Othmane Benjelloun, président du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), Mohamed Benchaâboun, directeur général du Fonds Mohammed VI pour l’investissement, Hicham Zanati, directeur général de Tamwilcom et de Chakib Alj, président de la CGEM.

Large mobilisation du secteur bancaire

Pour l’opérationnalisation de ce financement, le Fonds a mandaté l’institution financière publique Tamwilcom qui sera l’interface avec les banques, en vertu d’une convention signée, au cours de la même cérémonie. Des conventions ont été aussi signées entre le Fonds et les banques marocaines au nombre de 11.

Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement alloue 4 milliards de dirhams à ce produit qui est présenté par Mohamed Benchaâboun comme «facilitateur» et «accélérateur» et qui devra permettre de créer de 30.000 à 35.000 emplois. Le Fonds apporte un tiers du financement avec un plafond de 30 millions de dirhams. Les deux tiers restants sont fournis par les banques, ce qui portera le montant total du financement accordé dans le cadre du «CapAccess» à 90 millions. Mais, les banques peuvent dépasser ce montant, nous déclare le DG du Fonds, qui ajoute qu’un comité ad hoc est prévu par les conventions signées pour statuer sur des cas qui dérogent aux standards de ce produit.

Un taux d’intérêt «raisonnable»

Ce financement est destiné à un large éventail d’entreprises, dont la taille oscille entre 5 et 500 millions de dirhams. Il présente plusieurs atouts et avantages, indique Benchaâboun. Il est, explique-t-il, non dilutif, souple d’accès et offre des conditions tarifaires inférieures à celles des banques. La partie apportée par le Fonds Mohammed VI est assortie d’un taux d’intérêt de 5,5%. C’est un taux raisonnable par rapport au risque supporté et la durée de remboursement, soutiennent le directeur général du Fonds et le président de la CGEM. Les banques ont, quant à elles, la liberté de fixer les taux d’intérêt pour la partie qui leur échoit. En ce qui concerne la maturité, elle est prolongée de 3 ans pour la partie apportée par le Fonds par rapport aux banques. S’agissant de délai de grâce accordé aux entreprises avant de commencer à rembourser, il est le double pour le Fonds par rapport aux banques (5 ans).

Autre particularité de la dette subordonnée: elle vient en deuxième lieu après la partie du financement apportée par la banque, en ce qui concerne notamment les remboursements, les impayés, les garanties.

Le patronat satisfait

Par ailleurs, des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) sont également pris en compte dans l’étude des demandes de financement dans le cadre du «CapAccess». Ces critères sont, rappelons-le, utilisés pour évaluer la stratégie RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) et la performance d’une entreprise en dehors des indicateurs financiers habituels.

En réaction à ce lancement, le président de la CGEM se montre satisfait. «C’est un produit qu’on attendait depuis longtemps», indique-t-il. Ce produit constitue «un nouveau souffle» pour les entreprises qui sont passées par de nombreuses crises, dont notamment celles liées à la Covid-19 et à la montée de l’inflation, note-t-il, exprimant son optimisme quant aux résultats de cette initiative qui ne doivent pas tarder.

Par Lahcen Oudoud et khadija Sabbar
Le 05/03/2024 à 18h50