Le Maroc face au défi de consolider son leadership financier en Afrique

Le pôle urbain Casablanca Finance City.

Revue de presseRelégué derrière Maurice dans le dernier classement GFCI, le Maroc voit sa position de première place financière africaine remise en question. Mais au-delà de ce recul symbolique, un rapport de l’OCDE souligne les fondations solides du Royaume tout en pointant les chantiers structurels à accélérer: liquidité des marchés, diversification des investisseurs, intégration régionale et financement de la transition climatique. Un moment charnière pour Casablanca, appelée à transformer cette alerte en catalyseur de réformes. Cet article est une revue de presse tirée du quotidien Les Inspirations Éco.

Le 25/11/2025 à 19h19

Alors que Maurice détrône le Maroc dans le dernier classement du Global Financial Centres Index (GFCI), un rapport récent de l’OCDE sur les marchés de capitaux africains replace cette rivalité dans un cadre plus large, marqué par des fragilités structurelles qui appellent des réformes profondes. Publié en septembre 2025, le GFCI 38 a en effet créé la surprise en hissant Maurice au rang de première place financière du continent, à la 52ᵉ position mondiale, soit six places de mieux en un an. Casablanca Finance City (CFC) recule ainsi d’un rang, désormais 53ᵉ. Kigali progresse également et confirme son émergence, redessinant à sa manière la carte financière africaine.

Mais cette photographie flatteuse masque des réalités plus nuancées, indique le quotidien Les Inspirations Éco. L’analyse de l’OCDE met en lumière des défis de fond qui dépassent la simple compétition entre juridictions. Confrontées à un même besoin de modernisation, les places africaines doivent surmonter une liquidité insuffisante, une forte dépendance au financement bancaire, une base limitée d’investisseurs institutionnels et une intégration régionale encore balbutiante.

Pour le Maroc, la perte du leadership africain constitue un signal d’alerte sur la compétitivité de Casablanca face à la fiscalité avantageuse de Maurice et à la montée de nouveaux hubs. Le rapport de l’OCDE rappelle toutefois les avancées significatives du Royaume: réforme des marchés de capitaux, alignement sur les standards internationaux, engagement en faveur de la finance durable. Le pays bénéficie par ailleurs d’un taux d’épargne élevé, bien supérieur à la moyenne continentale, a-t-on lu dans Les Inspirations Éco.

Mais ces atouts ne suffisent pas à effacer les fragilités persistantes, notamment une liquidité boursière faible et une forte concentration du marché. Les régulateurs sont encouragés à moderniser davantage l’écosystème, à faciliter l’accès des PME à la cote, à développer l’épargne longue et à accélérer l’intégration régionale. Les entreprises, elles, gagneraient à diversifier leurs sources de financement et à anticiper les exigences de transparence extra-financière, tandis que les investisseurs doivent composer avec un marché mature mais encore peu liquide.

Du côté de Maurice, la progression spectaculaire dans le GFCI consacre un modèle fondé sur un positionnement stratégique et un cadre fiscal ultra-compétitif, marqué par un taux effectif d’imposition attractif et l’absence d’impôts sur les plus-values et les dividendes. L’OCDE souligne néanmoins les limites de cette stratégie, en particulier une dépendance marquée aux capitaux étrangers sensibles aux cycles monétaires mondiaux. Le pays est également identifié parmi les plus exposés en matière d’endettement des entreprises. Pour assurer une résilience durable, Maurice doit renforcer ses marchés locaux en monnaie nationale, maintenir un haut niveau de conformité internationale et offrir davantage qu’un simple avantage fiscal à une concurrence régionale de plus en plus affirmée.

L’OCDE insiste par ailleurs sur l’urgence climatique. La transition énergétique nécessitera un doublement des investissements dans les énergies propres d’ici 2026, écrit Les Inspirations Éco. Or, la faiblesse des marchés obligataires en monnaie locale complique l’accès au financement durable. L’intégration des marchés africains apparaît dès lors comme une voie essentielle pour mobiliser l’épargne domestique et attirer les capitaux internationaux.

Au-delà des cas du Maroc et de Maurice, le rapport dresse un constat clair: les marchés de capitaux africains restent trop fragmentés et sous-développés pour accompagner pleinement une croissance inclusive et répondre aux besoins colossaux liés au climat. Les progrès enregistrés dans les classements internationaux ne doivent pas occulter l’ampleur des réformes nécessaires. L’OCDE appelle à un approfondissement des marchés domestiques, à un élargissement de la base d’investisseurs locaux, à une harmonisation réglementaire et à une modernisation accélérée des infrastructures.

Les entreprises doivent diversifier leurs financements, renforcer leur transparence et saisir les opportunités de la finance verte, tandis que les investisseurs doivent évoluer dans un environnement encore volatil, où la maîtrise des risques demeure essentielle. Les institutions financières et les fintechs ont enfin un rôle clé à jouer pour démocratiser l’accès au marché et accompagner les petites entreprises.

Pour le Maroc, qui se trouve à un moment charnière entre reconquête du leadership continental et approfondissement de son marché domestique, la mise en œuvre de ces recommandations sera déterminante. Le temps des constats est passé; place désormais à une action coordonnée et à une intégration régionale accélérée pour bâtir un écosystème financier africain plus solide et durable.

Par La Rédaction
Le 25/11/2025 à 19h19