Ce chiffre, conforme aux prévisions d'un panel d'experts sondés la semaine dernière par l'AFP, a été annoncé ce lundi par le Bureau national des statistiques (BNS), de concert avec une salve d'indicateurs sur la santé économique de la Chine.
C'est la plus faible hausse du PIB depuis le début de la publication des données trimestrielles en 1992, selon l'agence Bloomberg. Elle reste toutefois dans la fourchette de croissance visée par Pékin cette année: entre 6 et 6,5% (contre 6,6% en 2018).
"L'environnement économique est toujours compliqué, tant en Chine qu'à l'étranger, la croissance économique mondiale ralentit et les instabilités et incertitudes externes augmentent", a reconnu le porte-parole du Bureau national des statistiques (BNS), Mao Shengyong.
Le président américain Donald Trump, qui ne cesse de dénoncer l'excédent commercial de la Chine vis-à-vis de son pays, a imposé l'an dernier des droits de douane punitifs sur de nombreux produits chinois. Washington a décidé en mai de porter ces surtaxes douanières de 10 à 25% sur 200 milliards de biens chinois exportés annuellement vers les Etats-Unis, après l'échec des pourparlers avec Pékin. Mais Donald Trump et son homologue chinois Xi Jinping ont décrété fin juin une trêve dans leur guerre commerciale après une rencontre à Osaka (Japon) lors du sommet du G20.
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"La guerre commerciale a d'énormes répercussions sur l'économie chinoise", estime Edward Moya, analyste du courtier Oanda. "Et comme les négociations peinent à réaliser des progrès significatifs, nous sommes certainement encore loin du creux de la vague pour l'économie chinoise", selon lui.
La semaine dernière, négociateurs chinois et américains ont repris le dialogue par téléphone sans toutefois annoncer de prochaine rencontre de haut niveau pour tenter de sortir de l'impasse. "Le fait qu'un indicateur économique soit conforme aux prévisions est tout de même un énorme soulagement", s'enthousiasme Stephen Innes, analyste de la société d'investissements Vanguard Markets.
Pour soutenir l'économie réelle, le gouvernement chinois s'est engagé en mars à baisser de près de 2.000 milliards de yuans (265 milliards d'euros) la pression fiscale et sociale sur les entreprises. Pékin joue également les équilibristes, en essayant de soutenir les entreprises ayant besoin de crédit, mais sans trop gonfler leur endettement. Les banques chinoises ont ainsi été encouragées à gonfler leurs prêts aux PME, jusque-là délaissées au profit des grands groupes publics, souvent peu rentables.
Il s'agit d'un impératif également pour stabiliser le taux de chômage urbain, facteur crucial pour assurer la paix sociale. Il a légèrement augmenté entre mai et juin, passant de 5% à 5,1%, selon les chiffres officiels. Mais cette mesure est loin de convaincre l'économiste de la banque ANZ, Raymond Yeung: "On se demande si davantage de crédit peut vraiment stimuler l'activité économique".
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Mercredi dernier, le Premier ministre chinois Li Keqiang a appelé à renforcer le soutien aux entreprises tournées vers l'international et promis des allègements fiscaux, au moment où Pékin peine avec ses exportations.
Le mois dernier, les ventes de la Chine à l'étranger ont reculé de 1,3% sur un an, après un rebond de 1,1% en mai. Les exportations, fortement pénalisées par la guerre commerciale, sont un des piliers de l'économie du géant asiatique.
C'est la raison pour laquelle la Chine poursuit le rééquilibrage de son économie, en mettant davantage l'accent sur la consommation intérieure. Les ventes de détail sont justement restées solides en juin à +9,8% sur un an (contre 8,6% en mai), a annoncé le BNS.
La production industrielle, quant à elle, a enregistré une croissance plus forte, progressant de 6,3% en juin sur un an -- soit +1,3 point par rapport au mois précédent. Ces chiffres encourageants suggèrent que "la croissance est en train de se stabiliser" en Chine, estime Raymond Yeung.