1- Tout le monde, en parlant de réforme de la retraite au Maroc, parle d’un système en crise et d’une situation alarmanteFaux. En réalité, il n’existe pas de système de retraite marocain, mais des caisses de retraite régies par diverses réglementations, et chacune avec une situation financière différente. La situation est caractérisée par un pluralisme institutionnel non coordonné.
2- Toutes les caisses de retraite sont en crise aigüeQue Nenni! Seul le régime des pensions civiles géré par la CMR (Caisse marocaine des retraites) vit une situation alarmante en raison de l’épuisement probable de ses réserves à court terme (2029). Les autres caisses peuvent connaître le même sort, mais à moyen et long termes.
3- Le gouvernement se dit prêt à entamer sa réforme!En vérité, cette réforme est déjà entamée depuis 2001, avec le début de l’opération d’externalisation des Caisses internes des établissements publics au RCAR (Régime collectif d’allocation de retraite): ONCF, Régie des Tabacs, OCP, Lydec et les régies de distribution... Toutes ces Caisses étaient en situation de crise et leur transfert a coûté au contribuable des milliards de dirhams. Restent Bank al-Maghrib et le cas de la branche électricité de l’ONEE où on bute sur le financement du coût d’entrée au RCAR: Comptez 18 milliards de dirhams.
4- La vox populi affirme que l’origine du déficit de régime des pensions civiles géré par la CMR provient de la mauvaise gestionLa vraie raison est d’ordre technique. Elle est liée à l’inadaptation de la conception technique du régime (générosité du régime qui se basait sur le dernier salaire, régime non plafonné alors qu’il est par répartition à prestations définies...)
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5- La réflexion sur la réforme de la retraite a pris du temps en raison de la complexité de la problématiqueCertes, mais pas que, vu que le dispositif mis en place (la Commission nationale et la Commission technique chargées de la réforme des régimes de retraite ainsi que leurs compositions pléthoriques) a handicapé l’avancement.
6- Le Gouvernement mène la réforme conformément aux recommandations de la Commission Nationale chargée de la réforme des régimes de retraiteEt pourtant, les actions entreprises ces dernières années en matière de réforme de la retraite sont parfois en contradiction avec les conclusions issues des travaux de la Commission. À titre d’exemple: la création d’un (autre) nouveau régime pour les Indépendants (novembre 2017), alors que la Commission avait recommandé l’intégration de cette population dans le régime actuel de la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale).
7- La réforme de la retraite est annoncée comme une priorité sociale et économique pour le gouvernement et les syndicatsFaux. La réalité est que la couverture est limitée à une population relativement réduite. Ces intervenants ne se penchent que sur la retraite de près de 40% de la population active au Maroc. Les syndicats et le gouvernement ne prennent pas en charge la couverture retraite de quelque 60% de la population active marocaine. Allez comprendre.