Les taux de crédit ont suffisamment baissé ces derniers temps, au Maroc, sous l'effet d'une course effrénée aux parts de marché, pour faire réagir le gendarme des banques de la place. Interpellé en marge du dernier conseil de Bank Al-Maghrib, le Wali de la Banque centrale a dû sortir de sa réserve pour révéler le contenu des correspondances échangées à ce sujet avec le Groupement professionnel des banques du Maroc. Le risque de taux n'étant pas exclu, puisque certaines banques ont commencé à distribuer des crédits quasiment à perte, le gouverneur de la Banque centrale s'est montré très préoccupé par la menace d'une prise excessive, voire mal contrôlée de ce risque, non seulement pour l'équilibre financier des banques, mais aussi pour la stabilité financière dans son ensemble.
“J'ai adressé une lettre au Groupement professionnel des banques du Maroc en lui rappelant le risque de taux qui peut découler de cette situation. Certaines banques proposent un taux fixe de 4,3 % sur une période de 25 ans”, a déclaré Abdellatif Jouahri aux Ecos qui rapporte ses propos dans son édition du 7 avril. “J'ai même reçu une lettre de remerciement du Groupement professionnel des banques du Maroc pour les avoir rappelés à l'ordre”. Autant le Wali de BAM est satisfait d'une bonne transmission de sa politique monétaire aux baisses successives du taux directeur, autant il se soucie de l’effet nuisible de certaines pratiques qui portent atteinte aux règles prudentielles et font courir des risques aux actionnaires des banques.
Les spécialistes du courtage en crédit immobilier assurent avoir négocié pour leurs clients des taux historiquement bas durant les 1er trimestre 2017. Certains ont pu ainsi décrocher des taux variables de 3,5% sur 20 ans et fixes de 4,3% sur 15 ans, voire de 4,5% sur 25 ans. Si les banques, pressées jusqu'à ce jour de baisser les taux pour préserver leur part de marché, décident de changer le cap et d’inverser la tendance, les taux pourraient atteindre les niveaux pratiqués il y a 2 ans. Autrement dit, ils oscilleront autour de 5% pour les prêts de 20 à 25 ans. Mais au vu de la conjoncture bancaire actuelle, les banques restauront très regardantes sur l'évolution du marché, tout en évitant les conséquences brutes d'une remontée des taux sur la demande de crédit immobilier.