Le360 : Quelle est la vocation du think thank OCP policy center ?
Karim El Aynaoui : Il s'agit d'une plateforme dont l'ambition est d'offrir au niveau du Maroc un think tank à l'image des think tank anglosaxons. C'est un espace de débat ouvert aussi bien sur la scène nationale qu'internationale. Nous voulons créer des passerelles. Amener d'éminents experts au Maroc, aller vers eux et créer des réseaux. Il s'agit d'approfondir le traitement d'un certain nombre de thématiques afin de bien se construire une crédibilité au fil du temps.
Pourquoi avoir commencé par un forum sur la volatilité des prix ?
La volatilité des prix est un phénomène très complexe à expliquer. C'est pourquoi nous avons jugé important de le décortiquer avec l'aide des experts et des institutions qui travaillent en profondeur sur ces questions au plan international. La thématique sur la volatilité des prix a réuni des partenaires de renom. Nous allons multiplier ce type de rencontres, organiser des visites et publier des documents. En juin prochain, nous allons organiser une rencontre en partenariat avec le centre de Barcelone, un des think tank les plus dynamiques en Europe, le Kings collège de Londres et l'université de Texas. Les thèmes traités porteront sur l'agriculture, l'énergie et la production agricole en zone semi aride.
OCP policy n'est-il pas un bras pour booster le buisness de l'OCP ?
Ce n'est ni l'un ni l'autre. Je pense qu'il faut donner à l'OCP le crédit de la naiveté. Si l'entreprise, via sa fondation, soutient un think tank et lui donne l'autonomie d'opérer, c'est fondamentalement faire de ce think tank un des meilleurs exemples anglosaxons. Ils sont les leaders avec une toute l'autonomie qui est basée sur des faits, la connaissance et la mise en place de réseaux avec des spécialistes dans les différents domaines. Il s'agit d'être une plateforme ouverte à la jeunesse, aux nouvelles générations et aux leaders de demain.
L'OCP policy, un relais stratégique pour le groupe OCP ?
OCP Policy n'a pas d'agenda. Si les gens sentent que vous avez un agenda, c'est un peu l'origine de votre question, que vous avez quelque chose de cette nature, vous perdez tout de suite en crédibilité. Il est important de travailler dur sur le fond, sur la qualité en restant à l'écoute de propositions, d'idées de personnes qui ont envie de faire des choses avec honnêteté.
Mais le centre de réflexion participe quand même au rayonnement de l'OCP ?
Oui, mais le groupe n'est pas là en train d'essayer d'en tirer un profit immédiat. C'est une manière de vendre, si vous voulez, puisqu'on exploite une ressource nationale. C'est une manière originale, je dirais, d'offrir un produit, de mettre quelque chose sur le marché qui naturellement n'émergerait pas parce que, quand vous êtes une entreprise privée, vous poursuivez le profit. Votre autonomie est relativement réduite. Un think tank, ce n'est pas une boite de consultants, il ne suit pas une ligne particulière. Il guide son action par la connaissance.
Jusqu'où ce think tank, bien que jeune, a attiré des partenaires ?
A Rabat, lors de la rencontre sur la voltilité des prix, il y avait une soixantaine de participants étrangers. Nous avons organisé un workshop avec The Global développement, une institution internationale, basée en Inde et financée par de nombreux bailleurs de fonds dont la Banque mondiale. Ses responsables nous ont sollicité pour venir et il est fort probable qu'on s'engage avec eux sur une partie de leur programme de recherche sur la sécurité alimentaire qui va couvrir l'Amérique latine, l'Asie, et Afrique.
OCP policy pense-t-il à délocaliser ses conférences au Maroc ?
Oui, l'idée est de créer des relations permanentes. C'est l'avant et l'après conférence qui sont intéressants. Des experts, notamment ceux du FMI, vont continuer à venir et pourraient faire des formations d'une semaine. L'idée est de sortir du lieu où Policy center est basé à Rabat pour aller vers les régions du Maroc et essayer aussi de porter ces problématiques et ces débats. La Chine nous donne un exemple très simple, un pays qui est en train de vivre une transition.
En quoi l'exemple de la Chine est intéressant ?
Ce pays a influé économiquement sur l'ensemble de l'économie mondiale et bien évidemment sur le Maroc. On est un pays très intégré à l'économie mondiale et il faut comprendre quels sont les impacts. Or ils sont multiples, difficiles, complexes, changeants... c'est tout un processus. On ne va pas les (impacts) comprendre une fois pour toutes. Ces clés de lecture, ces discussions, ces échanges, il faut les faire aussi à l'intérieur du Maroc en s'ouvrant notamment sur les universités.