Afin d’éponger les excédents actuels sur le marché de change et d'assurer son bon fonctionnement, Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé l'organisation, «autant que nécessaire», de séances d'adjudications d'achat de devises auprès des opérateurs du marché.
Dans cette optique, deux séances ont été organisées hier lundi et aujourd'hui, mardi 21 septembre 2021, qui ont permis à la Banque centrale de racheter 410 millions de dollars et 260 millions de dollars auprès des opérateurs, en contrepartie de dirhams, aux cours respectifs de 8,9939 et 8,9834 dollars le dirham.
Ces séances d’adjudications interviennent dans un contexte où les banques marocaines, au sortir de l’été, se sont retrouvées en possession de grandes quantités de devises, alimentées essentiellement par les apports des Marocains résidents à l’étranger (MRE), suite à l’ouverture des frontières nationales en juin dernier. La hausse spectaculaire des transferts des MRE vers le Maroc a également contribué à cette embellie.
Ces apports en devises ont considérablement amélioré la position de change bancaire, définie par le solde positif ou négatif d'un établissement de crédit dans une devise. Selon une récente note d’Attijari Global Research (AGR), la position de change bancaire «demeure à son plus haut annuel à plus de 10 milliards de dirhams».
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«Aujourd'hui, sous l’effet de la surliquidité enregistrée sur ce marché, mais aussi des prévisions de BAM par rapport à la persistance de cette situation (le marché de change risque de demeurer excédentaire, c’est-à-dire que l’offre de devises est supérieure à la demande), la Banque centrale a décidé donc d’intervenir à travers cette technique d’adjudication", a souligné Omar Bakkou, économiste et spécialiste en politique de change cité par la MAP.
Selon ce spécialiste, ces interventions visent plusieurs objectifs. Il s’agit d’abord d'éviter une crise de surliquidité du marché de change, soit «une situation où les banques seraient amenées à placer à perte, faute d'acheteurs, les devises à l'étranger (les taux sur l'euro sont négatifs et sont nuls sur le dollar)». Ces pertes viendraient gréver les revenus générés par les banques sur le marché puisque leurs commissions deviennent nulles lorsque les taux touchent la bande inférieure, explique l’expert.
«On pourrait également considérer que ces interventions permettent d’éviter une décision d’élargissement de la bande de fluctuation, qui se traduirait par une appréciation supplémentaire du dirhams par rapport aux devises, laquelle serait dommageable pour les entités génératrices de devises, en l'occurrence les exportateurs", a soutenu Bakkou.
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Ce dernier a relevé en outre que cette décision permettrait d’améliorer la liquidité en dirhams des banques, ce qui va leur permettre, bien évidemment, d’améliorer leurs situations financières ainsi que leurs capacités d'octroi des crédits, rappelant, dans ce sens, que la situation financière des banques a été fortement endommagée par la crise du Covid-19.
Bakkou ne manque pas de rappeler qu’avant la mise en place de la réforme du marché de change de 2018, les interventions de Bank Al-Maghrib sur ce marché étaient quasi-automatiques. La Banque centrale procédait aux opérations d'achat et de vente de devises auprès des banques à chaque fois qu’une banque en exprimait le besoin. Depuis la mise en place de la réforme, qui a consisté à élargir la bande de fluctuation du taux de change, BAM fait en sorte de laisser une grande marge au marché de change interbancaire.