Moody’s Investor Service, plus communément appelée Moody's, l’une des trois grandes agences de notation mondiales, vient de publier une longue analyse consacrée à l’économie marocaine et à son profil de risque. L’agence de notation new-yorkaise y confirme la notation de la dette souveraine du Maroc à "Ba1" avec une perspective "négative". Cette note reflète, selon Moody’s, les vulnérabilités causées par un niveau d’endettement élevé, et des perspectives de croissance post-pandémie jugées "modérées".
"Nous nous attendons à ce que l'assainissement budgétaire et la croissance économique stabilisent la dette publique à moins de 80% au cours des trois prochaines années, soit un niveau supérieur à celui de pays comparables", souligne l’agence, qui alerte le monde de la finance, par ailleurs, sur le niveau d’endettement élevé des entreprises publiques, lequel représente plus de 15% du PIB.
L’agence de notation américaine ne manque cependant pas de relever certains points positifs, comme le "large accès" du Maroc à des sources de financement intérieures et extérieures, à des conditions favorables. En outre, souligne Moody’s, les autorités du Royaume ont "stratégiquement réorienté l'économie vers des industries d'exportation à plus forte valeur ajoutée", en particulier dans les chaînes de valeur mondiales des secteurs de l'automobile et de l'aéronautique, et ont su positionner le Maroc comme un hub commercial entre l'Europe et l'Afrique.
La réponse du gouvernement à la pandémie, la politique monétaire pro-active menée par Bank Al-Maghrib, et les réformes de l'environnement des affaires, sont également mis en avant par l'agence new-yorkaise.
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Pour cette année 2021, Moody’s table sur un taux de croissance du PIB de l’ordre de 4,5%. "Alors que les indicateurs pour le premier trimestre de 2021 indiquent une reprise significative dans le secteur agricole, nous prévoyons qu'il faudra attendre 2023 pour que les principaux moteurs de croissance de l'économie, soit le tourisme et l'industrie, retrouvent leur niveau d'avant-pandémie", indique Moody’s.
Malgré les points positifs susmentionnés, une révision à la hausse de la notation du Maroc n’est pas à l’ordre du jour, du moins à moyen terme, estime l’agence. Une détérioration continue des finances publiques, et une poursuite de la hausse du ratio dette "publique/PIB", pourrait même conduire à une révision à la baisse de la note, prévient Moody's.
- note_moodys_avril_2021.pdf