L’entreprise britannique XLCC a suspendu ses plans de construction d’une gigantesque unité de production de câbles haute tension (HVDC) à Hunterston, en Écosse, après la décision du secrétaire d’État à l’Énergie, Ed Miliband, de rejeter le projet de liaison électrique Maroc–Royaume-Uni porté par Xlinks, rapporte le Telegraph.
Ce revirement, qualifié de «strategic reset» par XLCC, s’accompagne d’un plan de réduction des coûts et de la suppression de plusieurs postes. L’entreprise explique que le ralentissement du marché du HVDC et le report de nombreux projets d’éolien offshore ont rendu sa planification intenable à court terme.
Estimé à 25 milliards de livres sterling, le projet Xlinks visait à relier la région de Guelmim-Oued Noun au sud de l’Angleterre via quatre câbles sous-marins de 3.800 km chacun, capables d’acheminer jusqu’à 3,6 GW d’électricité verte. L’usine écossaise devait en être un maillon industriel clé, avec le soutien de la Scottish National Investment Bank et du National Wealth Fund.
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Mais le refus de Londres de garantir le contrat d’achat d’électricité (CfD) a porté un coup dur à la chaîne de valeur du projet. XLCC devait non seulement fabriquer les câbles nécessaires à Xlinks, mais aussi fournir d’autres interconnexions en Europe. La société affirme vouloir «maintenir sa vision à long terme», tout en reconnaissant que le marché des câbles HVDC «a évolué» et que plusieurs commandes structurantes «arriveront plus tard que prévu».
Cette suspension nourrit un débat déjà ancien au Maroc. Dès l’annonce du projet Xlinks, plusieurs acteurs industriels et experts s’étaient étonnés du choix de fabriquer les câbles en Écosse plutôt qu’au Maroc.
«Le Maroc fournit l’énergie, mais pas la valeur industrielle», résumait un observateur du secteur, soulignant le manque de retombées économiques locales d’un projet pourtant bâti sur le potentiel solaire et éolien marocain.
Rappelons que malgré le refus britannique, Xlinks poursuit son rêve en lançant un nouveau projet de câble électrique sous-marin reliant cette fois-ci le Maroc à l’Allemagne, pour un investissement estimé entre 30 et 40 milliards d’euros.
Baptisé Sila Atlantik, ce mégaprojet, porté par sa nouvelle filiale Xlinks Germany GmbH, vise à transporter jusqu’à 26 térawattheures d’électricité verte par an, produite à partir de centrales solaires et éoliennes marocaines, vers le marché allemand.
Contrairement au projet initial vers le Royaume-Uni, la fabrication des câbles HVDC serait cette fois réalisée localement au Maroc. Un choix qui, s’il se concrétise, répond directement aux critiques émises par les milieux industriels marocains. Le câble longerait ensuite la côte atlantique, jusqu’à plusieurs points de raccordement prévus en Allemagne.









