L’opération "1 million de cartables" pourrait être compromise. Dans son édition du jour, L’Economiste rapporte, en effet, que les libraires veulent boycotter la prochaine édition, compte tenu des longs délais de paiement de l'Etat. «Les retards datent de la rentrée scolaire 2014/2015», note le journal qui avance que les professionnels n’ont pas perçu plus de 60% des paiements dus sur les commandes livrées en septembre 2014 déjà. Sans parler de la créance de l'Etat pour la rentrée scolaire 2015/2016 qui n’a toujours pas été honorée. «Pour cette seule édition, le montant en jeu est estimé à 350 millions de DH», révèle L’Economiste qui estime que «la créance totale sur le ministère de l'Education nationale via les Académies régionales dépasse 400 millions de DH».
Les libraires auprès desquels les associations de soutien à l'école, présidées par les directeurs des établissements, les délégations régionales et les académies, passent leurs commandes se heurtent aux mêmes problèmes que tous les prestataires des Académies régionales de l'éducation et de la formation. Citée par le quotidien économique, une source anonyme proche du dossier souligne qu’«en plus des entreprises du BTP, les Aref doivent de l'argent aux fournisseurs des cantines, aux libraires ainsi qu'à de très nombreux prestataires de services». Le ministre des Finances, Mohamed Boussaid, avait même promis, dans les colonnes du journal, que «les créances des Aref seraient épongées d'ici 2017». Sauf que les libraires ne peuvent attendre. «Eux-mêmes sont sous pression de leurs fournisseurs».
Pour le président de l'Association marocaine des éditeurs, Ahmed Filali, «toute une chaîne souffre. Les libraires n'arrivent pas à payer les éditeurs qui, à leur tour, ont du mal à honorer leurs engagements vis-à-vis des imprimeurs, qui se trouvent parfois à l'étranger». Saisie par les libraires, l’association vient de solliciter Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement, ainsi que le ministère de l'Education nationale, en les alertant sur le risque de faillite pour les libraires. Le journal rappelle, à ce titre, que les retards de paiement sont à l'origine de 25% des faillites d'entreprises. Surtout qu'au-delà de 30 jours de retard, le risque de défaillances est multiplié par 6.
Le nombre de bénéficiaires de l’opération «1 million de cartables», pour la rentrée 2015-2016, a concerné 3,91 millions élèves. Sauf que «les financements n'ont pas suivi de manière régulière». Même si, dans la note de présentation de la loi de Finances 2016, le ministère de tutelle a mobilisé 200 millions de DH au profit de ce programme pour 2014 et 100 millions de DH pour 2015, provenant du Fonds d’appui à la cohésion sociale.