L'invasion de l'Ukraine par la Russie continue aussi à susciter des inquiétudes pour l'offre, qui se sont accrues avec l'annonce d'un projet d'embargo européen sur le pétrole russe.
Les cours se sont ainsi envolés hier, mercredi, le baril de Brent de la mer du Nord clôturant au-dessus de 110 dollars, son plus haut niveau depuis deux semaines et demi.
Mais selon les analystes, cette nouvelle flambée n'a pas de quoi ébranler les treize membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par Ryad, et leurs dix partenaires conduits par Moscou (Opep+).
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«Il est probable que l'Opep+ s'en tienne à son plan malgré l'instabilité persistante liée au conflit russo-ukrainien», explique à l'AFP Walid Koudmani, analyste chez XTB, en invoquant «les perspectives de baisse de la demande du fait des confinements observés en Chine».
Comme les mois précédents, le cartel va donc probablement ouvrir les vannes à hauteur de 432.000 barils par jour pour juin, une stratégie initiée au printemps 2021 quand l'économie retrouvait des couleurs après les coupes drastiques de brut imposées par le choc de la pandémie.
Les débats de l'alliance débuteront par des discussions techniques au sein du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) à 11H00 GMT (13H00 à Vienne, le siège du cartel), avant la rencontre plénière par visioconférence.
La Chine, motif de «prudence»Largement épargnée depuis deux ans, la Chine affronte ces dernières semaines sa pire flambée épidémique depuis le printemps 2020, qui a mis à mal sa stratégie zéro Covid.
Pékin a fermé hier, mercredi, des dizaines de stations de métro et ses habitants redoutent désormais que leur ville ne soit confinée, comme c'est le cas à Shanghai, la plus grande ville de Chine avec 25 millions d'habitants où la plupart des cas sont enregistrés.
«Le ralentissement de l'activité en Chine est certainement un facteur qui justifiera un statu quo de l'Opep+, en dépit de la pression internationale pour augmenter l'offre devant la crise énergétique actuelle», abonde Ipek Ozkardeskaya, analyste de la banque Swissquote, interrogée par l'AFP.
C'est «une raison pour rester prudent», estime aussi Fawad Razaqzada, analyste chez City Index et Forex.com dans une note.
Quant aux nouvelles sanctions économiques en projet contre la Russie, elles ne devraient pas rebattre les cartes pour le moment.
La Commission préconise dans son sixième paquet de sanctions «une interdiction de tout le pétrole russe, brut et raffiné, transporté par mer et par oléoduc» pour fin 2022, a annoncé sa présidente Ursula von der Leyen au Parlement européen.
«Attentisme intenable»Une perspective qui menace l'offre sur un marché déjà tendu. Alors que l'unanimité des 27 est impérative, la Hongrie, très dépendante des livraisons russes, a rejeté le projet «dans sa forme actuelle».
Si toutefois l'Union «parvient à convaincre ses membres de ratifier le plan (...), cela aura un impact énorme sur les exportations de pétrole russe», met en garde Fawad Razaqzada.
Mais là encore, l'alliance Opep+, soucieuse de rester unie et de ne pas froisser Moscou, «ne sauvera certainement pas la mise», lance Ipek Ozkardeskaya.
«Le cartel a clairement signifié que la guerre en Ukraine n'était pas cause d’inquiétude» pour le marché, rappelle-t-elle.
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Pour Stephen Innes, analyste chez Spi Asset Management, cet attentisme «devient de plus en plus intenable» et «contraire à la mission» de régulation du marché de cette alliance forgée en 2016.
C'est «la raison pour laquelle ils sont constamment critiqués pour leur lenteur et leur manque technique de réaction aux développements récents des marchés mondiaux», assène-t-il.
Mais l'Opep+ détient-elle vraiment la clé du problème? Entre manque d'investissements dans les infrastructures pétrolières chez certains pays membres ou problèmes opérationnels, le cartel échoue régulièrement à atteindre ses quotas de production.