La Russie, premier producteur de pétrole hors OPEP qui s'est déjà engagée à participer à cet effort de baisse de l'offre, sera représentée par le ministre de l'Energie, Alexandre Novak, et retient toute l'attention des analystes qui s'interrogent sur la volonté de Moscou de tenir ses engagements.
Il sont également sceptiques sur la détermination des autres participants à la réunion à rejoindre le mouvement. Sur quatorze pays invités samedi, dix devraient répondre présent samedi au siège de l'OPEP à Vienne, selon l'agence Bloomberg.
Après avoir inondé le marché d'or noir et provoqué une dégringolade spectaculaire des prix depuis 2014, les membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) sont parvenus le 30 novembre à s'entendre sur une baisse de leur production de 1,2 million de barils par jour. Une première depuis le dernier accord de cette nature en 2008.
Le cartel demande aux producteurs non membres de l'organisation de limiter également leur production de 600.000 barils par jour au total, un effort auquel la Russie a déjà consenti à hauteur de 300.000 barils.
Enthousiastes dans un premier temps, les marchés cherchent désormais à évaluer les chances d'application de l'accord. Après avoir oscillé au fil de la semaine, les cours ont terminé à 54,16 dollars, vendredi à Londres, en très léger retrait par rapport à la clôture de vendredi dernier.
Baisse naturelle ou volontaire ? Le Kazakhstan, l'Azerbaïdjan, Oman et Mexico seront représentés à Vienne. Des invitations ont également été adressées à la Bolivie, au Brunei, la Colombie, le Congo, l'Egypte, à Trinidad et Tobago, au Turkmenistan et à l'Ouzbekistan.
Mais "l'optimisme qui a entouré l'annonce de l'accord (du 30 novembre, ndlr) s'est légèrement érodé, car l'OPEP a dit à la presse que les pays qui ne sont pas membres du cartel (...) pourraient utiliser la baisse naturelle de leurs extractions pour atteindre cet objectif", a souligné vendredi Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.
Comme ces baisses naturelles des extractions, liées à l'épuisement des ressources, sont déjà intégrées dans les modèles de prévision, "nous ne nous attendons pas à ce que cette rencontre joue un rôle significatif dans le rééquilibrage du marché", ont observé les analystes de DNB Markets.
Par ailleurs, les discussions de Vienne pourraient offrir l'occasion à la Russie de rassurer les sceptiques sur son engagement à appliquer l'accord.
Les autorités russes ont indiqué mercredi avoir le "soutien" des compagnies pétrolières privées pour baisser la production de concert avec l'OPEP, mais sans apporter de précisions sur les modalités pratiques d'une telle mesure.
Moscou, dont les finances ont été plombées par la chute des cours, a priori, a tout intérêt à un rebond durable des cours, qui donnerait à Vladimir Poutine des marges de manoeuvre budgétaires non négligeables à un peu plus d'un an de la présidentielle.
Les gros producteurs de l'OPEP, l'Arabie Saoudite en tête, que la chute des cours avait fini par plomber financièrement, s'étaient de leur côté résolus à changer de stratégie après avoir longtemps soutenu cette politique de prix bas, espérant ainsi évincer leurs concurrents, notamment les producteurs américains de pétrole de schiste, et regagner des parts de marché.