Pétrole: quel prix pour la rentrée ?

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La question taraude les marchés et les analystes restent sceptiques quant à une envolée des cours au-delà des 50 dollars. L’appréciation du dollar et l’abondance de l’offre corroborent la thèse d’un baril sous 5O dollars. La rencontre d’Alger, fin septembre, pourrait changer la donne.

Le 29/08/2016 à 08h37

Les cours du pétrole ont terminé en net rebond au mois d’août, après deux mois consécutifs de baisse, et se sont maintenus à leur plus haut niveau historique de cette année, aux alentours de 50 dollars le baril.

Après avoir atteint son sommet à plus de 51 dollars, en juin dernier, le Brent et le WTI ont amorcé leur descente jusqu’à 40 dollars début août, avant de rebondir titillant à nouveau la barre à 50 dollars, cette dernière semaine. Un seuil fatidique que les marchés hésitent encore à franchir, en attente des décisions à prendre lors de la rencontre informelle des pays de l’OPEP prévue fin septembre à Alger.

De l’avis des analystes, "le mois d’août est fructueux pour le pétrole". Le prix a progressé de 15% depuis le début du mois et de plus de 32% depuis le début de l’année. Pour rappel, le prix de pétrole a entamé l’année 2016 à 27 dollars et devait baisser à 26 dollars en février, son plus bas historique.

Le baril se négociait au-dessus des 100 dollars, l’été 2014. Il a commencé sa chute dès le mois d’août pour terminer l’année 2014 sous le seuil des 50 dollars. En 2015, les cours ont tenté une remontée éphémère à 60 dollars en juin. Un niveau vite abandonné pour redescendre à 34 dollars.

Une éventuelle initiative au sein de l’OPEPCette année, les prix évoluent en dents de scie, en fonction notamment de signaux envoyés depuis les USA (état des stocks et le nombre de forages), mais surtout de la tension qui règne au sein des pays de l’OPEP, surtout entre l’Arabie saoudite et l’Iran, tous deux se lançant dans une course effrénée de parts de marché, dans un contexte global de faible demande.

Le dernier mouvement à la hausse, ce mois d’août, survient à la suite d’une déclaration du ministre saoudien de l’Energie, Khalid al Falih, évoquant la discussion, à Alger fin septembre, d’une éventuelle initiative au sein de l’OPEP, visant à réduire l’offre excédentaire de pétrole sur le marché.

Il est vrai que le marché du pétrole demeure confronté à des actualités contrastées mais insuffisamment décisives pour imprimer une tendance claire. Ainsi, une rumeur sur des attaques de missiles en Arabie saoudite contre les installations d’Aramco, compagnie publique du pays, -compte tenu du poids de la production saoudienne- devait propulser les prix au-dessus des 50 dollars, bien que cette attaque, revendiquée par les Houthis, opposés à l’intervention saoudienne au Yémen, soit finalement un simple mensonge.

Hausse des taux américainsL’hésitation à la hausse, vendredi dernier, était plus liée à la hausse du billet vert -dont la force nuit aux échanges pétroliers du fait qu’ils sont libellés en dollars-. Une nouvelle fois, le marché fluctuait après les propos jugés plutôt favorables à une hausse des taux américains tenus par plusieurs responsables de la Réserve fédérale (Fed), en l’occurrence sa présidente Janet Yellen.

Un autre élément explique la remontée des cours, la semaine dernière. C’est l’annonce faite par l’Iran de participer le mois prochain à la réunion d’Alger.

L’Algérie, fortement impactée par la chute des cours, pousse dans le sens d’une forte réduction de la production pour préserver les prix de l’or noir dont elle tire l’essentielle de ses recettes. L’Iran, qui a toujours refusé un gel de la production, est, semble-t-il, prêt à se montrer conciliant, car sa production approche déjà son niveau d’avant la mise en place des sanctions liées à son programme nucléaire.

Comme pour la dernière réunion de l’Opep à Vienne, qualifiée de «non événement», les analystes ont des doutes quant à la concrétisation des objectifs d’Alger. Si rien n’est finalement annoncé pour stabiliser l’offre, les cours pourraient retomber vers 40 dollars le baril, font remarquer les analystes.

Une opportunité pour le Maroc

De toute évidence, la chute des cours du pétrole est une malédiction pour l’ensemble des pays producteurs, y compris les USA, la Russie et la Chine, en plus de l’Opep. Mais, c’est une bénédiction pour les pays non producteurs dont la facture énergétique pèse lourdement dans la balance des paiements.

Le Maroc pourrait, encore une fois, tirer des avantages substantiels de la baisse des cours pétroliers, pourvu que cette tendance se poursuive et s’accompagne d’une croissance de l’économie nationale et d’un regain d’intérêt de la demande étrangère adressée au royaume.

Pour l’année 2016, l’économie marocaine fait moins de croissance, mais les comptes macroéconomiques sont moins impactés par l’inflation de la facture énergétique. Le gouvernement avait prévu un baril à 60 dollars et les prix sont restés finalement au-dessous des 50 dollars.

Pour la rentrée, alors que le projet de loi des finances pour l’année 2017 tarde à voir le jour -les élections législatives prévues le 7 octobre focalisent l’attention des politiques- il reste difficile de parler d’une probable poursuite de la baisse des cours. Des prévisions en dessous de 60 dollars le baril dans la prochaine loi de finances constitueraient un risque budgétaire.

Toutefois, selon la Banque mondiale, le fléchissement des cours est «une opportunité» pour le prochain gouvernement pour «procéder à des réformes budgétaires et structurelles et de financer des programmes sociaux».

Par Abdelouahed Kidiss
Le 29/08/2016 à 08h37