Le gouvernement Benkirane osera t-il entreprendre des réformes structurelles jugées nécessaires pour les équilibres macroéconomiques mais risquant de susciter le mécontentement des citoyens? La lettre de cadrage du budget 2016, adressée par le chef du gouvernement aux ministres et dont les grandes lignes sont révélées par le quotidien l’Economiste dans sa livraison du lundi 10 août, donne un aperçu des réformes en cours de préparation. Et si Benkirane y insiste sur «l’urgence de la réforme du système des retraites et la nécessité d’achever celle de la compensation, de la justice et de la fiscalité», dans la réalité, le courage politique ne semble pas guider le gouvernement sur certaines réformes jugées pourtant cruciales.
Au niveau des retraites, le risque de faillite du système pousse le gouvernement à agir. Toutefois, face à la résistance des syndicats, celui-ci ne prévoit, dans le cadre de sa lettre de cadrage, que la mise en œuvre de la première composante de cette réforme, à savoir la composante paramétrique. Et pour la réforme globale du système de retraite, il faudra attendre encore quelques années ou, plus précisément, le prochain gouvernement. Pourtant, l’heure est grave. En 2014, les dépenses des retraites ont dépassé les cotisations de 1,1 milliard de dirhams. Pire, selon le quotidien, «si le statu quo est maintenu, l’épuisement des réserves est prévu pour 2022».
Concernant l’achèvement de la réforme de la compensation, fort du succès enregistré avec la décompensation sur les carburants avec, à la clé, une forte baisse de la facture de la compensation et son impact positif sur la réduction du déficit budgétaire, l’Etat est désormais tenté par la décompensation sur le butane. Il pourra ainsi faire des économies sur les 10 milliards de dirhams affectés à cette subvention. Toutefois, les craintes qu’une telle mesure ne suscite des tensions sociales risquent de repousser l’achèvement de cette réforme aux calendes grecs, à moins que des compensations ciblées ne soient mises en place en faveur des couches les plus vulnérables.