Le département de Nadia Fettah Alaoui, la nouvelle ministre de l'Economie et des Finances, entend relancer le programme de privatisations entamé en 2019 mais qui n’a pu réellement se concrétiser, en raison de la pandémie de Covid-19 .
En stand-by depuis juin 2019 et l’opération boursière de cession par l’Etat de 8% de sa participation dans le capital de Maroc Telecom pour un montant de 9 milliards de dirhams, le programme de privatisation devrait connaître un nouveau départ en 2022.
A en croire le rapport sur les Entreprises et établissements publics (EEP) accompagnant le projet de loi de finances 2022 (PLF 2022), le budget de l’Etat devrait être alimenté à hauteur de 5 milliards de dirhams par des opérations de privatisations, «sachant que ce montant représente 50% du revenu total de la privatisation». En d’autres termes, les opérations de privatisations en 2022 devraient s’élever à 10 milliards de dirhams, les 5 milliards de dirhams restants étant destinés au Fonds Hassan II pour le développement économique et social.
Selon ce même document, des opérations de transferts d’actifs par l’Etat sont également programmées en 2022 et devraient renflouer le budget général à hauteur de 3 milliards de dirhams. Ces opérations, ne sont pas des privatisations à proprement parler, mais des transferts de participations de l’Etat, conformément à l’article 9 de la loi 39-89. La cession de 35% du capital de Marsa Maroc à l'Agence Spéciale Tanger Med, réalisée en 2021, qui a permis à l’Etat d’encaisser 5,3 milliards de dirhams, entre précisément dans ce cadre.
Lire aussi : PLF 2022: nouvelle contribution de solidarité, les taux revus à la hausse
Sont concernées par ces opérations les entreprises précédemment inscrites sur la liste des établissements à privatiser. Le rapport sur les EEP précise qu’il s’agit de la Société d’exploitation des ports (Marsa Maroc), de Maroc Telecom, de l'hôtel Mamounia, la Centrale thermique de Tahaddart, la Société de production biologique et pharmaceutiques vétérinaires (Biopharma) et la Société nationale de commercialisation des semences (Sonacos). D’autres entités publiques seront ajoutées à cette liste, indique ce même document, sans donner davantage de détails.
A travers ce programme de privatisation, l’Exécutif poursuit plusieurs objectifs: contribuer à la rationalisation du portefeuille public et au recentrage des EEP sur leur cœur de métier, dynamiser le marché des capitaux, ou encore ouvrir le capital des entreprises publiques parvenues à maturité à des investisseurs privés.
Ce programme doit surtout permettre de renflouer les caisses de l’État et d’atténuer le déficit du Trésor qui s’est creusé à cause des conséquences de la pandémie, passant de 4,1% du PIB en 2019 à 7,5% en 2020. Pour 2021, ce déficit devrait terminer l’année autour de 6,8% selon les projections du gouvernement.
Le programme de privatisation et de cession d'actifs de l’Etat s'inscrit également dans le cadre de la loi 50.21 relative à la réforme des EEP et de la loi 82.20 portant création de l'Agence nationale de gestion stratégique des participations de l'Etat. Cette agence, dont les statuts sont finalisés, aura la haute-main sur la politique actionnariale de l’Etat.