Le 24 avril 2025 restera une date marquante dans l’histoire des infrastructures marocaines. Depuis la gare de Rabat-Agdal, le roi Mohammed VI a donné le coup d’envoi officiel des travaux de la future ligne à grande vitesse (LGV) reliant Kénitra à Marrakech. Un chantier titanesque de 430 kilomètres, qui vient prolonger la ligne existante Tanger–Kénitra et dessiner un nouveau visage pour la mobilité ferroviaire nationale.
Après le succès de la première ligne à grande vitesse d’Afrique, entre Tanger et Kénitra, inaugurée en 2018, le Maroc s’apprête ainsi à franchir une nouvelle étape décisive. Cette extension permettra de relier en un temps record certaines parmi les principales métropoles du Royaume: Kénitra, Rabat, Casablanca et Marrakech. Avec une particularité majeure, la desserte directe des aéroports et des stades de ces villes, renforçant l’interconnexion entre les infrastructures de transport et les équipements stratégiques.
Cette vision intégrée s’inscrit dans une stratégie plus large: désenclaver les territoires, soutenir la croissance économique et inscrire le Royaume dans une dynamique durable de mobilité moderne.
Des travaux déjà à pleine vitesse
En seulement quatre mois, le chantier a atteint son rythme de croisière. Sur les 430 km, près de 3.500 hectares de foncier ont déjà été libérés, permettant de lancer les premières plateformes pour la pose des voies. Le projet est découpé en 13 lots de génie civil: huit dédiés aux terrassements et ouvrages d’art, deux au viaduc, un au tunnel de Rabat et deux sur la voie classique.
Les chiffres témoignent de l’ampleur des travaux: 4 millions de mètres cubes de terrassements déjà réalisés, 1,5 million de tonnes de ballast, 500.000 traverses et 600.000 tonnes de rails réceptionnées.
La production de ballast et de traverses, entamée dès janvier 2024, assure un approvisionnement régulier. Les marchés des rails et appareils de voie ont été attribués et les premières livraisons sont effectives. Côté ferroviaire, les entreprises désignées pour les voies et les caténaires sont déjà à pied d’œuvre, tandis que la signalisation et les télécommunications GSM-R sont en cours de déploiement. Sur certains tronçons, comme celui d’Agdal-Aïn Atiq, l’avancement atteint déjà 65%.
Un investissement colossal
Au-delà des rails, le projet se distingue par la modernisation des gares et la création d’infrastructures de maintenance de pointe. Les concours d’architecture ont permis de désigner les concepteurs des gares LGV, à l’exception notable de la future gare de Hay Riad, lancée par anticipation et aujourd’hui pratiquement achevée. Elle sera la première à être livrée et mise en service. La construction de technicentres et de centres de maintenance progresse également, garantissant une exploitation performante et pérenne du réseau.
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Avec un investissement prévisionnel de 67 milliards de dirhams, dont 53 milliards pour l’infrastructure LGV et 14 milliards pour la performance et la maintenance des voies, ce projet constitue l’un des plus ambitieux de l’histoire du Maroc moderne.
Il ne s’agit pas seulement d’un chantier d’infrastructure, mais d’un projet structurant à dimension nationale. En rapprochant Rabat de Marrakech en un temps réduit, en fluidifiant les échanges et en reliant les pôles économiques et touristiques, la future LGV participera à la cohésion territoriale et au rayonnement international du Royaume.
La mise en service de cette ligne s’annonce comme une révolution silencieuse, transformant la carte des déplacements au Maroc. Elle réduira significativement les temps de trajet, favorisera la mobilité interne et donnera une nouvelle impulsion au tourisme, aux affaires et aux grands événements sportifs. Au-delà des chiffres et des kilomètres de rails, ce projet illustre l’ambition du Maroc de se positionner en leader régional de la mobilité durable et innovante, tout en offrant à ses citoyens une infrastructure aux meilleurs standards internationaux.








