L’économie marocaine a traversé les principaux chocs des dernières années avec une résilience remarquable, souligne un rapport qui vient d'être publié par l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée, notant que la crise financière de 2008 et le ralentissement économique européen semblent ne l’avoir que peu affectée.
De bonnes récoltes et la résistance de la demande nationale sont avancées pour expliquer la bonne tenue économique du royaume, affirme le document intitulé "Coproduction au Maroc: contexte, réalisations et perspectives", précisant que même en 2011, alors que la Tunisie, en proie au Printemps arabe, voyait son PIB reculer, la croissance marocaine rebondit et passe durablement au-dessus de la moyenne des pays du sud et de l'est de la Méditerranée.
Oscillant autour de 4% depuis 2010, le taux de croissance du PIB devrait poursuivre sa remontée progressive vers les 6% jusqu’à la fin de la décennie, ajoutent les auteurs du rapport, faisant remarquer que "la stabilité politique et les réformes engagées depuis 10 ans semblent avoir fait du Maroc une valeur refuge au sein d’un espace méditerranéen balayé par l’incertitude".
L’explication de la bonne santé marocaine tient également, d’après les analyses présentées dans ce rapport, aux transformations de l’appareil productif qui se sont traduites par une montée en gamme dans les chaînes de valeur. Ceci a notamment permis un rééquilibrage des échanges extérieurs et une meilleure répartition de la création de richesse entre partenaires, indique le document. Celui-ci ajoute que l’économie marocaine peut ainsi produire une gamme de biens plus large et plus complexe, en profitant de la hausse des dépenses de consommation finale que génèrent ces activités à plus forte valeur ajoutée et l’émergence de classes moyennes.
De plus, ces évolutions ont eu lieu dans un contexte d’intégration du Maroc au sein d’une verticale, à mi-chemin entre l’Europe et l’Afrique subsaharienne, permettant de capter dans chaque espace de nouveaux relais de croissance, selon le rapport qui indique que plus diversifiée, mais aussi tertiarisée, idéalement positionnée pour capter les transferts de fragments de chaîne de valeur du Nord et exploiter les perspectives économiques du Sud, l’économie marocaine est plus autonome, moins sensible à la conjoncture internationale et peut donc répondre avec plus de flexibilité aux turbulences du marché.
La stratégie économique s’est concentrée sur des niches industrielles à haute valeur ajoutée (les nouveaux métiers mondiaux du Maroc: automobile, aéronautique et électronique) ainsi que sur le secteur des services, où les entreprises marocaines bénéficient aujourd’hui d’avantages comparatifs, poursuit le document.
Relativement épargné par les récentes crises mondiales et régionales, le Maroc est récompensé par sa stabilité institutionnelle et les réformes économiques engagées depuis une dizaine d’années, soutient le document, expliquant que cette politique volontariste, inscrite dans la durée, a permis de créer des écosystèmes entrepreneuriaux modernes, attirant les investisseurs étrangers dans des secteurs de pointe tels que l’industrie automobile et l’aéronautique, mais aussi le secteur ferroviaire et celui des énergies renouvelables.
L’intégration locale, définie comme la participation des entreprises marocaines, aux côtés des entreprises étrangères mais aussi des acteurs publics, dans la perspective de création de valeur, s’intensifie dans tous ces domaines grâce aux actions conjointes des différents ministères et groupements nationaux, précise la même source, soulignant que l’ensemble de ces synergies révèle d’excellents exemples de coproduction, générant emplois au Nord comme au Sud.
En parallèle, l’implantation de grandes sociétés marocaines en Afrique de l’Ouest et centrale fait du royaume une porte d’entrée privilégiée vers le sud du continent, fait observer le rapport, ajoutant que positionné au centre d’une verticale Afrique-Méditerranée-Europe, le Maroc compte exploiter ce positionnement stratégique pour capter les investissements et technologies du Nord et les orienter vers les marchés et les ressources du Sud, dans un partenariat gagnant pour chacun. Par ailleurs, l’organisation de la COP22 à Marrakech fin 2016 a popularisé à grande échelle ces avantages (notamment sur des secteurs d’avenir et à haute intensité technologique) et intensifié les collaborations entre les entreprises des deux rives de la Méditerranée, constatent les auteurs du document.
Ce rapport, troisième publication de l’Observatoire de la coproduction, vise à analyser le positionnement du Maroc dans l’environnement macro-économique méditerranéen ainsi que les dynamiques d’investissements étrangers à l’œuvre dans le royaume, et ce, afin de proposer des recommandations pour accompagner le développement de la coproduction et une meilleure intégration du pays dans l’économie méditerranéenne et mondiale.
Il analyse les stratégies économiques sous l’angle de la coproduction, et leurs effets sur les principaux secteurs d’activité et met en perspective ces tendances nationales avec les évolutions mondiales et régionales attendues.
Piloté par l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (IPEMED) et soutenu par la banque publique d'investissement Bpifrance et la Chambre de commerce et d’industrie Paris- Ile de France, l’Observatoire de la coproduction en Méditerranée vise à analyser qualitativement les stratégies des investisseurs méditerranéens, leur comportement, leurs attentes et les difficultés qu’ils rencontrent pour s’insérer dans le tissu local.