Pour cette première rencontre avec le chef du gouvernement, le président de la CGEM, Chakib Alj, a salué les efforts fournis jusque-là pour accompagner les entreprises nationales notant que «plusieurs acquis ont été réalisés, mais le chemin est encore long. Aujourd’hui, il faut donner une forte dynamique à l’économie de notre pays afin qu’elle renoue avec la croissance et crée des opportunités d’emplois pour notre jeunesse».
Le patron des patrons a ainsi demandé la réactivation du comité de veille économique (CVE). «Il est temps d’instaurer durablement un nouveau contrat de confiance public-privé basé sur une méthodologie de travail constructive et orientée résultats, ainsi que sur des circuits de décisions courts, à l’instar de ce qui a été fait dans le cadre du Comité de veille économique (…). Le CVE est en effet un modèle de gouvernance à réactiver voire à renforcer pour faire face ensemble aux défis qui nous attendent et que notre pays est capable de relever, comme ça a été si bien révélé par la pandémie», a détaillé Chakib Alj.
L’inflation et la liquidité inquiètentParmi les craintes des patrons figurent deux grands challenges: l’inflation et le manque de liquidité. «Le premier challenge pour nous est la forte tension inflationniste observée dans le monde. Nous avons pu la contenir chez nous grâce à un certain nombre de facteurs à 1,8%», a souligné le vice-président général de la CGEM, Mehdi Tazi. Toutefois, a-t-il ajouté, «c'est un risque important pour nous, car si cette inflation court sur le long terme, ça ne sera pas tenable ni pour le budget de l'Etat, ni pour les entreprises. Nous voyons ce risque arriver et nous nous inquiétons».
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Pour ce qui est de la liquidité, Mehdi Tazi a fait savoir «qu'un peu moins de 70.000 entreprises ont bénéficié de Damane Oxygène et de Damane Relance, pour à peu près 53 milliards de dirhams», notant que «certaines entreprises ont déjà commencé à rembourser en 2021 pour Damane Oxygène. Pour Damane Relance, le remboursement commence en 2022. Ceci impacte la trésorerie, alors que certains secteurs ont moins repris qu’on ne le pensait».
Et d’ajouter: «nous nous inquiétons de l’impact que peut avoir le remboursement des crédits dans une période où certains n’ont pas encore repris».
Energie et foncier: la CGEM appelle au soutienLes priorités pour la CGEM afin d’accompagner la relance de l’économie et soutenir les entreprises nationales s’articulent autour de quatre grands sujets, à commencer par le besoin de diversifier les mécanismes de financement à travers notamment le déploiement du Fonds Mohammed VI.
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Mehdi Tazi a également évoqué la nécessité de résoudre le problème du foncier. La CGEM souhaite ainsi participer à la création de parcs industriels dans les différentes régions du Royaume, en partenariat public privé, à prix coûtant et à but non lucratif en cassant les mécanismes de la spéculation foncière.
Les patrons ont également sollicité le chef du gouvernement pour réduire le coût de l’énergie. «Nous devons rapidement arriver à l’objectif de 0,5 DH/kWh, d’abord par l’intégration de la moyenne tension dans le périmètre libéralisé, ensuite en libérant le plein potentiel de la production par les entreprises, et même par les citoyens», a précisé Mehdi Tazi.
Sur la thématique du digital, les chefs d’entreprises souhaitent répondre au besoin de l’écosystème en compétences à travers l’accélération de la formation. Le but étant d’atteindre l’objectif fixé dans le cadre du nouveau modèle de développement: former 50.000 talents par an aux métiers du numérique.
Le tourisme craint une refermeture des frontières La réunion avec le chef du gouvernement a également été l’occasion d’évoquer la situation du secteur touristique, deuxième contributeur au PIB national. Si le président de la Confédération nationale du tourisme (CNT), Hamid Bentahar, a salué les efforts fournis jusque-là pour accompagner les entreprises du secteur, notamment à travers le plan d’urgence de deux milliards de dirhams mis en place il y a un peu plus de deux semaines, il a appelé néanmoins à généraliser les aides à l’ensemble du secteur et à veiller à garder les frontières ouvertes.
«Au nom de tous les professionnels du tourisme, je voudrais lancer un premier appel, pour demander la solidarité de tous pour que ça soit la dernière fois qu’on ferme les frontières», a insisté le président de la CNT.
«Bien au-delà des 12% du PIB et des 80 milliards de devises par an, ce secteur traverse depuis 22 mois la crise la plus grave, la plus longue qu’il n’ait jamais vécue. A ce jour, 80% des entreprises touristiques sont à l’arrêt, le manque à gagner pour notre industrie est estimé à 180 milliards de dirhams», indique Hamid Bentahar notant que «derrière ces chiffres, il y a bien des gens, des agences de voyages, des transporteurs touristiques, des restaurateurs, des guides...».
Par ailleurs, le président du CNT a tenu à rassurer quant à l’engagement des professionnels du secteur pour le respect du protocole sanitaire pour assurer le maintien de l’activité. «Nous sommes disposés à prendre toutes les mesures nécessaires en matière de sensibilisation et de respect du protocole sanitaire pour préserver la santé de nos collaborateurs et de nos hôtes et nous continuerons à le faire tant que cette pandémie n’est pas éradiquée», a-t-il assuré.
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«Nous remercions le gouvernement pour le plan d’urgence mis en place, c’est une bouffée d’oxygène pour plusieurs entreprises du secteur, mais nous regrettons que l’ensemble de l’écosystème du tourisme ne soit pas concerné par cette aide», déplore-t-il.
Aziz Akhannouch rassure et appelle à généraliser la vaccinationDe son côté, le chef de l’exécutif a tenu à rassurer le patronat, indiquant que le gouvernement est conscient de la situation que traverse l’écosystème national, mettant ainsi tout en œuvre pour répondre à ses besoins.
«Nous sommes conscients de la conjoncture difficile que traverse notre pays. Nous avons essayé de répondre aux besoins de l’économie nationale positivement, notamment à travers le renforcement des investissements publics, l’accompagnement des entreprises nationales en difficulté ou encore le remboursement d’une grande partie de la dette TVA aux sociétés», a déclaré le chef du gouvernement.
Aziz Akhannouch a cependant insisté sur la priorité de généraliser la vaccination pour réussir à retrouver le cours normal de la vie, appelant les patrons à prendre leurs responsabilités et à accompagner le déploiement de la politique sanitaire nationale. «Sans vaccin, il n'y aura ni cash-flow ni Ebitba, il faut tout d’abord qu’on règle la situation sanitaire. Quand on atteindra le seuil de 23 à 24 millions de vaccinés, on aura l’occasion de parler du développement de l’économie».
«A ce jour, notre priorité est de dépasser la crise sanitaire, nous discuterons très prochainement de moyens de relance pragmatiques et concrets pour l’économie nationale, je vous redonne rendez-vous dans les prochaines semaines», a conclu le chef de l’exécutif.