Le scénario noir déjà pronostiqué par la Caisse marocaine des retraites (CMR) se concrétise. L’organisme clôture ses comptes de 2014 sur un déficit des régimes de pensions publiques à 1 milliard de dirhams. Car, contre des cotisations de 15,8 milliards, la Caisse a dû servir un montant des prestations d’une valeur de 16,6 milliards. La situation ne risque pas de s’arranger, au contraire. La CMR anticipe un gap négatif pouvant aller jusqu’à 3 milliards de dirhams en 2015.Selon l’édition de ce 1er juin du quotidien L’Économiste, la Caisse devrait, dès cette année, pomper dans ses réserves pour financer le trou engendré par son régime.
UrgenceSi aucune réforme n’est entamée, les réserves du régime des pensions civiles, chiffrées, à ce jour, à 81 milliards, seront complètement asséchées d’ici 2022, selon les prévisions de la CMR. Urgente et nécessaire, cette réforme enflamme le débat entre gouvernement et syndicats depuis plusieurs mois déjà. Elle cible, avant tout, un changement des trois paramètres du régime. À savoir: l’âge de départ à la retraite, le montant des prestations et le taux de cotisation.
Alors que l’âge de départ à la retraite est fixé aujourd’hui à 60 ans, le gouvernement Benkirane entend le faire passer à 62 ans dans un premier temps, avant d’atteindre 65 ans en ajoutant 6 mois chaque année. Pour sa part, le taux de cotisation sera de 28% contre 20% actuellement. Les 8 points de différence seront assurés à parts égales par l’État et les fonctionnaires durant 2 ans. Un scénario qui ne séduit pas les unités syndicales qui, elles, proposent un régime pour lequel l’État-employeur paierait 2/3 des cotisations contre 1/3 seulement pour les fonctionnaires. Interviewé par L’Économiste, Mohamed El Alaoui El Abdellaoui, DG de la CMR, estime que l’un des objectifs de la réforme serait d’atténuer la sous-tarification des prestations. Car, pour chaque dirham cotisé, la Caisse dit débourser 2 dirhams. Une situation qu’il faut rééquilibrer incessamment.