Le richissime homme d’affaires saoudien cheikh Mohammed Hussein Ali Al Amoudi n’a pas daigné faire le déplacement à l’Assemblée générale extraordinaire de la SAMIR (Société anonyme marocaine de l'industrie du raffinage). Une réunion très attendue et qui devrait donner à toutes les parties prenantes, Etat, salariés, Holmarcom, créanciers, etc., une plus grande visibilité quant à l’avenir de l’unique raffinerie marocaine. Tous les scénarii de sortie de crise sont suspendus aux résultats de cette réunion.
Et la principale question est bien évidemment de savoir si le cheikh va mettre réellement la main au portefeuille et proposer une augmentation du capital à même de faire redémarrer la raffinerie et redonner confiance aux salariés, au marché et aux nombreux créanciers (banques, Etat, fournisseurs, etc.).
Pour rappel, l’actionnaire de référence, le groupe Corral de cheikh Al Amoudi avait annoncé une augmentation de capital de l’ordre de 10 milliards de dirhams. Un montant très important certes, mais que beaucoup d’analystes jugent actuellement insuffisant pour redonner confiance aux nombreux partenaires de la SAMIR qui cumule des dettes dépassant les 40 milliards de dirhams.
En attendant les résultats de cette AG extraordinaire une première mauvaise nouvelle tout de même. Le principal concerné, cheikh Al Amoudi n’a pas fait le déplacement à Casablanca pour assister à cette importante réunion.
De nombreux observateurs s’interrogent sur ses réelles intentions. Compte-t-il réellement renflouer la SAMIR et rester seul maître à bord? Pour cela, et au vu de la situation financière de la société, il lui faudra plus que les 10 milliards de dirhams annoncés. Certains pensent qu’il est très peu probable qu’il en engage davantage dans le meilleur des cas. Chercherait-t-il alors à couler la SAMIR ou à chercher un repreneur?
Si beaucoup pensent que la seconde alternative doit être prise très au sérieux, il n’en demeure pas moins que les marges de manœuvre de l’actionnaire principal de la SAMIR sont faibles. La SAMIR étant un outil stratégique pour le Maroc, il ne peut se délester de celle-ci sans le consentement de l’Etat marocain. En plus, l’importance de l’ardoise de la raffinerie auprès de la douane (environ 13 milliards de dirhams) constitue un obstacle à toute transaction. Sans parler des conditions actuelles du marché du raffinage et la faible compétitivité de l’unité de la SAMIR qui risque de ne pas attirer grand monde.
Ainsi, au cas où le cheikh n'assumerait pas ses responsabilités, il resterait à l’Etat de jouer son rôle pour sauver cette unité qui n’en demeure pas moins stratégique dans un monde mouvant, même si certains importateurs pensent le contraire.
En tout cas, les résultats de l’AG extraordinaire donneront une idée claire des intentions des uns, et surtout du rôle que doit jouer l’autre (l’Etat), que ce soit avec ou sans le Groupe Corral.